Nous sommes de retour!

Des problème techniques nous ont obligés à faire relâche, la semaine dernière; nous nous en excusons. Heureusement, la vaillance et l’intelligence de mon ami Denis Fortin ont eu raison de nos difficultés. Je le remercie infiniment de son dévouement et de sa fidélité amicale. Grâce à lui, vous pourrez continuer d’explorer notre site qui illustre notre cuisine d’hier à aujourd’hui.

Je vous rappelle que je veux terminer le tour de l’histoire de nos plats et de nos aliments préférés d’ici Noël. Je m’étais fixé cet objectif en commençant ce site web. 

L’écriture de tous ces textes historiques, la pratique de tous ces plats dans mon quotidien m’ont demandé beaucoup de temps et de persévérance en obligeant ma conjointe à partager toutes ces nouveautés qui ne faisaient pas toujours partie de notre quotidien familial mais qui font partie de notre héritage collectif. Je la remercie infiniment de son ouverture à toutes ces expériences.

Cela m’amène peu à peu à une meilleure compréhension de notre histoire culinaire collective. Si la cuisine est avant tout une expression personnelle, sinon familiale, elle est aussi un lieu d’expression collective unique et identitaire.

En revisitant mon corpus de recettes ramassées depuis plus de cinquante ans, je me rends compte qu’il y a des recettes qui reviennent dans toutes les régions du Québec. Je travaillais récemment sur nos recettes d’érable, et j’ai constaté que les fèves au lard au sirop d’érable se faisaient dans plusieurs régions, tout comme la tarte au sirop d’érable, la mousse à l’érable, les grands-pères au sirop d’érable, etc. Mais j'ai constaté, en même temps, que certaines régions aux nombreuses érablières cuisinaient plus l’érable avec des plats salés que d’autres régions qui le réservaient à leurs desserts. L’abondance stimule la créativité, c’est certain. 

Mais le nouveau contexte environnemental du Québec nous oblige à redéfinir notre cuisine pour l’avenir. Nous devons gérer nos garde-manger de façon différente de nos ancêtres parce que notre planète est en danger. Sans perdre notre identité, nous devons faire appel à d’autres ressources de notre territoire sans les gaspiller et utilisant leur plein potentiel comme nos ancêtres autochtones ou français le faisaient jusqu’au XIXe siècle.

J’y reviendrai dans un prochain blogue. J’espère que notre nouveau gouvernement aura une oreille sensible à l’avenir de notre culture culinaire. Le patrimoine, ce n’est pas que le passé, c’est surtout le legs de notre génération pour nos enfants, pour le futur. Réfléchir sur notre patrimoine, c’est voir comment on peut mieux protéger nos garde-manger et mieux les gérer en jetant le moins possible d’aliments, c’est expérimenter de meilleures techniques de conservation, c’est proposer de nouvelles présentations de nos produits adaptés aux personnes seules,  aux personnes âgées, aux personnes traditionnelles comme aux personnes ouvertes à l’expérience. Réfléchir à notre identité culinaire, c’est aussi réfléchir à cela.

Michel Lambert, historien de la cuisine familiale du Québec