L'apport culinaire des nations de langue anglaise

La présence d’anglophones sur le territoire actuel du Québec remonte au Régime français. Il faut savoir en effet qu'environ 6 % des immigrants qui s’installent au Canada pendant le Régime français sont des sujets britanniques anglophones dont la plupart s'assimilent à la majorité francophone. Mais le développement de communautés anglophones ne commence véritablement qu’après la Conquête britannique de 1760. Dans le demi-siècle suivant cet évènement, les anglophones demeurent un groupe restreint en nombre, représentant moins d’un dixième de la population totale, mais d’une grande influence. D’une part, il existe une élite dirigeante soutenue par du personnel militaire britannique; d’autre part, il y a des marchands, des professionnels, des artisans, des travailleurs et, à partir des années 1780, des fermiers loyalistes. La proportion d’anglophones augmente ensuite dans les années avant la Confédération notamment avec une immigration massive en provenance de Grande-Bretagne et d'Irlande jusqu'à atteindre presque le quart de la population du Québec, puis cette proportion décline graduellement, particulièrement dans les régions à l’extérieur de Montréal.

Au cours du XIXe siècle, la majorité des Québécois d’expression anglaise sont d’origine anglaise, écossaise, et irlandaise.

Attardons-nous aujourd'hui sur l'apport de ces nations de langue anglaise au patrimoine culinaire du Québec.

Les Anglais : La cuisine anglaise occupe une place importante dans notre cuisine. Rappelons qu’une grande partie de nos desserts viennent d’eux -- les Britanniques avaient toute une panoplie de biscuits, de gâteaux, de poudings, de crèmes qu’ils firent adopter rapidement par les Franco-Québécois -- et qu’ils nous ont donné plusieurs recettes de poisson -- il faut se rappeler que l’Angleterre est une ile. Les Anglais partageant avec les Français des origines celtes, romaines et germaniques; on y retrouve un certain nombre de plats traditionnels ayant des origines antiques, comme le pain et le fromage, les viandes rôties, les pâtés de viande et de gibier.

Les Écossais : Les Écossais ont également joué un grand rôle dans notre histoire culinaire. Ils étaient plus proches des francophones que les Anglais, car ils avaient aussi été conquis par les Anglais, à peine une quinzaine d’années avant le Québec. Leur cuisine affiche une prédominance germanique qu’ils ont apportée avec eux : goût du bœuf, des produits fermentés (bière, whisky, vins de petits fruits, fromage blanc, crème sure, etc.) et goût pour tout ce qui est sucré. Ajoutons à cela la culture de la pomme de terre et l'élevage de moutons. Ils ont également revitalisé la culture de l’avoine et de l’orge chez les Canadiens français.

Les Irlandais : L'histoire retient qu'un régiment irlandais s'est battu aux côté des Français, sur les Plaines d'Abraham, contre les Anglais, et que plusieurs de ces soldats irlandais sont restés chez nous après la bataille. Des Irlandais se sont aussi installés en grand nombre à Québec, vers 1840. Comme ils étaient très pauvres, ils habitaient la Basse-Ville de Québec pour travailler aux chantiers navals comme les ouvriers francophones du quartier Saint-Roch. Leur cuisine est sans doute celle qui est le plus passée dans nos mœurs, à partir du célèbre pâté chinois qu’ils appelaient shepherd’s pie. L’idée de faire des pâtés en remplaçant la pâte à tarte par de la purée de pommes de terre vient d’eux, la pomme de terre étant devenue l’aliment fondateur de toute leur cuisine avec des coupes économiques de viande et des légumes.

Si l'envie vous prend d'en savoir un peu plus, n'hésitez pas à consulter les textes complémentaires sur la première page de ce site.

Denis Fortin