Soumis par Michel Lambert le
Bonne Saint-Valentin à tous nos lecteurs!
Célébrer l'amour, c'est célébrer la loi de la Vie en nous. Et la Vie nous récompense de s'occuper d'elle en nous donnant du plaisir pour combler tous nos sens et favoriser cette communication. Il est intéressant de savoir, qu'à l'origine, l'eau-de-vie sous toutes ses formes, était plutôt considérée comme un médicament physique et symbolique. Elle était destinée à préserver la Vie à celui ou celle qui avait une blessure ou un problème de santé. Je vous donne, aujourd'hui, quelques extraits de mon site qui racontent son histoire.
Le terme regroupe plusieurs boissons à base de grains de céréales, de pommes de terre, de vins, de fruits, de palmiers, de cannes à sucre, etc. que l’on distille pour en soutirer une boisson très alcoolisée. Les boissons alcoolisées datent d'au moins 6 000 ans, mais ce sont les Arabes qui eurent l'idée de distiller ces boissons, au début du Moyen Äge, pour en extraire un alcool fort et puissant suffisamment pour altérer les lois de la vie ordinaire. " Ils utilisaient déjà un alambic pour produire le khôl qui était en fait, un fard, une poudre noire que les femmes des harems se mettaient sur les paupières. Comme on produisait l’alcool de la même façon, on donna le même nom au vin que l’on distillait avec un alambic. Ce sont les Croisés européens qui ont ramené la technique arabe en Europe. Et ce sont les moines européens qui se mirent à distiller leurs vins en alcool au Moyen Age classique (XI au XIII e siècle). Le mot alcool et le mot eau-de-vie se sont cependant généralisés à partir de la Renaissance. C’est à cette époque que l’alcool est devenu une boisson enivrante et non plus un médicament, comme au Moyen Âge. La région de Cognac qui ne faisait pas de bons vins pensa transformer ses vins en alcool, sous la compétence initiale des moines locaux. Puis ce sont des commerçants anglais qui eurent l’idée d’en faire un commerce lucratif pour entrer en compétition avec les marchands hollandais qui faisaient de gros sous avec la vente d’alcool aux marins du monde".
"L’eau-de-vie a été amenée par les pêcheurs européens au Québec, à la fin du XVIe siècle. C’était la seule boisson qui pouvait supporter la traversée de l’Atlantique; l’eau naturelle finissait toujours par se contaminer rapidement au cours du voyage, de sorte qu’après une semaine de voyage, on ne pouvait plus s’y fier. On n’en donnait même pas aux animaux transportés qu’on devait plutôt abreuver de vin ou de cidre. Les premiers alcools populaires chez nous furent les eaux-de-vie de vin comme le cognac ou le brandy, ou l'eau-de-vie de pomme, comme le calvados. Le rhum s’ajouta rapidement à l’importation de la mélasse et du sucre, en Nouvelle-France, au milieu du XVIIe siècle. La conquête de 1760 introduisit quelques alcools de céréales comme le whisky et le gin. Les coureurs des bois et les soldats en transportaient de grandes quantités avec eux lors de leurs voyages commerciaux ou militaires. C’était la récompense essentielle de ces hommes pour leurs efforts considérables pour assurer la survie de la colonie. J’ai trouvé plusieurs témoignages de son utilisation en cuisine, au cours de notre histoire. Très souvent, ces hommes faisaient cuire du poisson ou du gibier dans un poêlon, puis déglaçaient la poêle toujours avec un peu d’alcool. Les autochtones ont gardé cette tradition française dans les communautés éloignées des grands centres. Même les religieux avaient besoin d’eau-de-vie dans leurs bagages; c’était considéré, aussi, comme un remède stimulant pour le cœur et un désinfectant pour l’intérieur et l’extérieur du corps." Les hommes de la Nouvelle-France " commençaient leur journée avec un bout de pain trempé dans l’alcool. Ils en buvaient sans arrêt dans leurs campagnes militaires ou leurs voyages pour aller chercher de la belle fourrure dans le Nord ou l’Ouest du pays. Ils en troquaient de grandes quantités aux Autochtones qui retrouvaient dans cette boisson européenne, l’excitation des tentes tremblantes* ou l’euphorie des drogues auxquelles les initiaient leurs chamans. Les prêtres et les administrateurs de la colonie, cependant, étaient témoins des dommages considérables que provoquaient l’eau-de-vie dans les communautés françaises et autochtones. La dépendance à l’alcool existait à l’époque comme aujourd’hui. On fit des campagnes contre l’alcool, plusieurs fois, pendant notre histoire. Mais le problème a toujours persisté parce que l’alcool, la droque, la nourriture peut créer des dépendances insurmontables pour certains individus. Le sujet est particulièrement d’actualité avec l’arrivée de la légalisation de la marijuana et la crise du fentanyl au Canada".
Mais pour la majorité des gens, l'eau-de-vie défait l'inhibition, délie la langue, stimule le coeur et célèbre la Vie. Mais comme dirait Épicure, la modération est la loi du plaisir!
Je vous souhaite de doux moments pour cette journée entre nous,
Michel Lambert, historien de la cuisine familiale du Québec
* Tente tremblante: tente construite par les chamans de langue algonquienne qui, lors de rituels spirituels exercés pendant la nuit, se mettait à trembler, à l'arrivée des êtres spirituels appelés à l'aide par le chaman pour guérir physiquement ou psychologiquement une personne qui avait demandé spécifiquement au chaman une tente tremblante à cette fin. Des drogues étaient souvent données par le chaman à la personne qui désirait cette thérapie. Les phénomènes observées par les missionnaires étaient attribués , selon, eux au démon. On y entendait des cris d'animaux illustrant la présence de ces esprits, selon l'Encyclopédie canadienne.