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ATTENTION: OFFRE DE CONFÉRENCES ET DE LIVRES No 2

Je me permets, aujourd'hui, au nom de Cuisine patrimoniale du Québec, de vous offrir à un prix très avantageux, les livres consacrées à nos régions et à nos produits de même que la possibilité d'offrir des conférences sur la cuisine de nos familles et de nos régions. C'est l'occasion de faire un cadeau à quelqu'un qui s'intéresse à la cuisine québécoise.

Nous terminons, aujourd’hui, l’étude de nos déjeuners québécois en parlant d’abord de nos boissons chaudes ou froides, neutres ou sucrées, puis des accompagnements sucrés des aliments du matin, fondés sur les céréales et les pommes de terre, servis chauds ou froids.


Les boissons chaudes ou froides, neutres ou sucrées.

Les alcools ou p’tit blanc du XVIIe siècle

Il s’agit  d’une eau de vie obtenue de la distillation du vin comme le brandy et le cognac et qui vient de l’Ouest français ou de l’eau de vie issue de la double distillation du rhum qui vient des Antilles françaises (Guadeloupe). Du début de la colonie au milieu du XX e siècle, il y avait des gens, surtout des hommes, et presque tous les voyageurs ou coureurs de bois, qui commençaient leur journée avec un quignon de pain mangé debout avec un petit verre d’alcool. Lorsque le pain était trop sec, on le trempait dans l’alcool pour le ramollir. On revenait plus tard, à la maison, ou on s’arrêtait en route, dans un portage, vers 9 h, pour faire un véritable repas plus consistant, qui variait selon le lieu et la saison.

Les cafés

Le café a été diffusé en Europe, au XVII e siècle, par les Autrichiens qui l’avaient connu des Turcs, lors de leur tentative de conquête de la ville de Vienne. Il a été découvert, semble-t-il, en Afrique de l’Est d’où il a traversé dans la Péninsule arabique pour devenir la boisson principale des Arabes et du monde musulman. Il est rapidement devenu populaire à Paris d’où il a traversé, à la fin du XVII e siècle, avec les administrateurs français de la colonie canadienne. Au Québec, au XVII e et XVIII siècle, le café était surtout bu le matin avec du pain de ménage ou du pain bis simplement beurré. Le café était importé de France au début, puis des Antilles, par la suite. Mais il demeurait cher et souvent réservé au dimanche pour les familles de cultivateurs. Chez ces gens, on remplaçait le vrai café par du café maison fait avec des racines de pissenlit, des betteraves en tranches, de l’orge, des gourganes, du pain rassis qu’on faisait rôtir dans une poêle jusqu’à ce que ce soit sec et presque noir. On faisait ensuite bouillir le simili café dans de l’eau qu’on accompagnait de sucre d’érable, de cassonade et de lait chaud ou frais. Au début du XX e siècle, on a réussi à cultiver du vrai café au Québec, dans le Bas-Saint-Laurent et dans le Centre du Québec, selon mes témoins. Aujourd’hui, le café vert est importé de partout dans le monde et torréfié de façon industrielle ou artisanale par des vendeurs réputés pour leur bon café. De plus, le café est devenu associé à la pause pendant le travail et il tient lieu de collation, souvent avec une pâtisserie maison ou du commerce.

Le cacao ou chocolat

Il a été amené au Québec par les bourgeoises et les nobles, au XVII e siècle, car il était presque réservé aux femmes, aux malades et aux enfants malades. On le prenait avec de la crème et du sucre fin ou du sucre d’érable. En France, c’est la reine Marie-Thérèse d’Autriche, femme de Louis-XIV, qui en avait parti la mode à la cour de Versailles, parce que le chocolat était populaire chez ses parents, en Espagne, où il avait été amené du Mexique, au début du XVI e siècle. C’est une compagnie anglaise, à la fin du XVIII e siècle, la compagnie Fry, qui en démocratisa l’usage partout. Il est encore associé au monde de l’enfance, avec un petit côté réconfortant. On le donnait en collation de soirée aux femmes qui remontaient d’un accouchement ou d’une maladie.

Les jus

Les Iroquoiens du Québec avaient l’habitude de boire le jus issu de la cuisson des courges, de la citrouille et des topinambours qu’ils faisaient cuire parfois en grande quantité. Chez nos ancêtres français, les premiers jus furent considérés comme des remèdes. (jus de pruneaux, de raisins Concord donnés contre la constipation qu’on prenait, le matin, avant de déjeuner). Même le jus de pommes n’était pas vraiment consommé car on le gardait pour faire du cidre ou du vin. L’habitude de prendre un jus d’orange nous vient des États-Unis. D’une part, les producteurs d’orange de la Californie se sont retrouvés avec un soudain surplus d’oranges qu’ils voulurent passer. À l’aide de techniciens en alimentation, ils créèrent le jus d’orange en conserve. Suite à la pandémie de l’influenza après la 1 ère Guerre mondiale qui tua 675,000 Américains, on découvrit le coté santé du jus d’orange. Celui-ci prit rapidement du galon de sorte que, dès les années 1930, le jus d’orange était devenu la seconde boisson en importance du matin, après le café, à cause, particulièrement, de la promotion des produits santé fait par des sectes religieuses comme les Adventistes. Il se répandit partout en Amérique grâce au train d’abord, puis grâce à l’invention des camions réfrigérés. Se sont ajoutés, par la suite, les jus de pamplemousse, de pomme, d’ananas et plein d’autres fruits importés et locaux. Quelques compagnies québécoises de la Montérégie ont développé l’industrie du jus de pommes à la fin des années 1950.

Le lait de poule ou egg nog

Cette boisson du matin composée de lait ou de crème, de sucre et d’œuf  et parfumée de muscade ou de cannelle est fondamentalement associée à la fête de Noël en Europe du Nord, autant en France qu’en Angleterre ou les pays de culture germanique. On lui ajoute de l’alcool comme du rhum, du brandy, du cognac ou du whisky. Cette boisson remonterait au Moyen Âge classique et serait la descendante d’une boisson grecque de l’Antiquité, nommée zythogala qui était un mélange de lait et de bière. Cette boisson prit son essor au XIX s siècle, dans la bourgeoisie anglaise du Québec et passa même dans les familles francophones, plus souvent sous le nom d’ « egg nog » plutôt que « lait de poule ».

Les thés

Le thé est né en Chine, vers 200 ans av. J.C..  Il est venu au Moyen-Orient et en Europe par la Route de la soie, grâce aux marchands arabes, puis par le commerce hollandais établi à Java, à la fin du XVI e siècle. Le thé devint une boisson courante en Angleterre au milieu du XVII e siècle. Il fut donc apporté en Nouvelle-Angleterre comme un produit de luxe. On connait tous l’importance du thé dans l’histoire américaine, particulièrement du côté de Boston lors de la Révolution américaine.  Chez nous, le thé était une boisson de luxe sous le Régime français; il devint la boisson de tous les repas sous le Régime anglais. On le prenait même toute la journée au point qu’on construisit des poêles à bois qui avaient une tablette spécifique, au-dessus des ronds du poêle, pour garder le thé chaud sans qu’il bouille. Lorsqu’il n ‘y avait pas de thé ou qu’il était trop cher, on le remplaçait par du thé canadien fait à base d’une plante sauvage qu’on trouve dans la Plaine du Saint-Laurent et qui se vendait dans les marchés des villes. C’est la spirée tomenteuse (spirea tomentosa Linné).

Les tisanes du matin

La tisane est faite d’une infusion ou d’une décoction de certaines plantes sauvages de nos garde-manger dans de l’eau bouillante. Historiquement, les autochtones prenaient de la tisane pour se soigner ou en plein hiver, dans les périodes de disette. Ce sont les coureurs des bois français de certaines régions qui se sont mis à ajouter un peu de mélasse à cette boisson sauvage. Le retour à la terre des années 1970 a cependant ressuscité les tisanes du matin, comme plusieurs usages québécois anciens du monde autochtone et européen. Voici la liste répertoriée de nos tisanes du matin : branchettes d’épinette noire ou blanche sucrées à la mélasse; écorce d’érable du temps de la colonie; écorce de pruche; feuilles et fleurs d’herbe à dinde; feuilles d’amélanchier ou de petites poires; feuilles de bleuets; feuilles de menthe sauvage; feuilles de salsepareille; feuilles de sorbier ou de cormier ou de mascobina; petit thé ou tisane de feuilles de gaulthérie hispide (gaulthéria hispidula Linnaeus); tisane algonquine (feuilles de cèdre, réglisse, gingembre, thé du Labrador et sirop d’érable); tisane d’écorces (mélange de cormier, cerisier, sapin, merisier et mélèze);  tisane de la côte des Pruches faite avec branchettes d’épinette, de sapin, de buis, des racines de salsepareille, de la mélasse et du sirop d’érable; le thé des bois et le thé du Labrador. Cette tradition de boire une tisane, le matin, appartient plus à la pharmacopée québécoise qu’à nos habitudes alimentaires. On buvait donc de la tisane lorsqu’on avait un problème de santé ou qu’on voulait se prémunir contre la maladie, avec prévoyance et foi aux remèdes de grands-mères.

Les accompagnements sucrés froids

Les beurres de fruits ou purées de fruits concentrées

Les beurres de fruits d’origine loyaliste ne contiennent pas de beurre; ils viennent des fruits qu’on prenait pour faire de la gelée de fruits. La purée des fruits cuits était passée au tamis pour enlever la peau et les noyaux et conservée avec du sucre et de l’alcool dans des pots couverts de cire d’abeille. C’est le beurre de pomme qui est le plus fréquent au Québec. Il est venu des États-Unis, où un certain Jérome Smucker l’a créé, en 1897, pour récupérer la pâte des pommes qu’il prenait pour faire du cidre, à Orrville, en Ohio. Aujourd’hui, nos familles font ce type de beurre avec des cerises Morency, de la chicouté, des pruneaux, des prunes et surtout des pommes.

Les beurres de fruits avec un corps gras à la manière autochtone

Les autochtones du Québec avaient l’habitude, au moment du contact des premiers Européens avec eux, de mélanger les fruits qu’ils cueillaient avec de la graisse animale ou de l’huile de mammifère marin. Cela leur permettait de prolonger la vie de leurs cueillettes. Lorsque le sucre devint moins dispendieux au XVIII e siècle, ils se mirent à ajouter un peu de sucre à leur premier mélange de petits fruits sauvages (bleuets, framboises, petites fraises, catherinettes, mures sauvages, etc.) Puis ils remplacèrent peu à peu le gras sauvage par de la graisse végétale, du saindoux ou du beurre. Au siècle dernier, on faisait cuire un peu les fruits sur le feu puis on ajoutait un peu de sucre puis un peu de graisse qu’on laissait fondre. On mangeait le tout chaud ou froid avec de la bannique ou du pain de ménage. Aujourd’hui, certains familles ont adapté la recette amérindienne pour la faire avec des fruits de jardin ou de verger, un peu de sucre, parfois de jus de citron ou d’épice (cannelle, muscade, etc.) et du beurre. On mange cette tartinade avec du pain grillé ou les galettes traditionnelles d’origine française, amérindienne ou britanniques citées plus haut.

Les confitures et fruits dans le sirop

Les confitures sont probablement nées avant le début de notre ère en Grèce avec des fruits qu’on mélangeait à du miel pour les confire et les conserver plus longtemps. La première mention écrite d’une confiture nous vient cependant du Romain Pline l’Ancien, dans son Histoire naturelle, qui date du premier siècle de notre ère. L’usage s’est répandu au Moyen-Orient, au Haut Moyen Age, avec du vrai sucre. Les Croisés européens ont rapporté en Europe les nouvelles confitures arabes vers l’an 1 000. Le Mesnagier de Paris, en 1393, mentionne les confitures de coings, de pêches, de poires, de navets, de carottes, de courges, de racines de persil et de fenouil. En somme, les confitures nous ont été apportées par nos ancêtres français et britanniques.

Mon répertoire contient plus d’une centaine de recettes de confitures qu’on fait avec un aliment seul ou en mélange. Fondamentalement, la confiture est le résultat d’un aliment que l’on fait cuire dans un sucre quelconque pour pouvoir le conserver plus longtemps. C’est donc un produit en conserve qui peut se garder jusqu’au temps des prochaines récoltes ou même un peu plus longtemps si on le protège avec de la cire d’abeille. La confiture remplace les fruits frais de l’été. Voici la liste des aliments avec lesquels on fait de la confiture au Québec : abricots, airelles vignes d’Ida (graines, surettes, pommes de prés, parthridge berries), ananas, atocas sauvages ou canneberges, baies d’amélanchier ou petites poires sauvages, baies de sureau blanc, bleuets sauvages ou de culture dits bleuets de corymbe, camarines, carottes, cerises aigres (Montmorency ), cerises de France (Bing), cerises de terre, cerises jaunes, chicoutés  ou plaquebières, citrouille, courgettes, fraises des champs ou des bois, fraises de jardin, framboises noires, framboises rouges, groseilles vertes, melons, mures, noix sauvages ou de Grenoble, oignons, pêches, pimbina, pommes de toutes les variétés, pommettes, pruneaux, prunes bleues, prunes rouges, prunes jaunes, rhubarbe rouge ou verte, roses, tomates jaunes,tomates rouges et tomates vertes.

Les fruits nature entiers ou en salade

Le Iroquois et les Hurons déjeunaient souvent avec des fruits, aux dires des missionnaires qui les ont observés. Ils en ajoutaient souvent à leur sagamité ou ottet du matin. Les Franco-Québécois les imitèrent en mangeant des petits fruits avec leur pain, du beurre, du fromage égoutté ou simplement du lait. On déchiquetait le pain dans un bol avec des fruits et l’on arrosait le tout de lait en sucrant le tout avec de la cassonade ou du sucre d’érable. L’habitude de manger des fruits, le matin, s’est diversifiée à travers les époques; certains mangent un plat de fruits saupoudrés de sucre avec leur pain grillé et beurré du matin, d’autres en ajoutent à leur gruau chaud ou à leurs céréales du commerce. Certains accompagnent leurs crêpes ou leur pain doré de fruits frais. Il ne faut pas oublier les fruits importés comme les oranges, les mandarines, les clémentines, les pamplemousses, les bananes qui prennent beaucoup de place à ce repas. Aujourd’hui, on présente des yogourts aux fruits frais qu’on mélange à des mueslis ou des granolas, pour déjeuner. On fait aussi des salades de fruits en morceaux, sans sucre, pour les repas plus élaborés du week-end. Le melon est y est très présent en compagnie de fraises, de framboises, de bleuets, de bananes, de mangues et d’ananas.

Les fruits secs combinés à des noix, des graines et des céréales

Les Algonquiens et les Iroquoiens du Québec avaient l’habitude de se faire sécher des petits fruits pour l’hiver. Les Algonquiens conservaient ainsi beaucoup de bleuets, de baies d’amélanchiers et de noisettes. Les Iroquoiens conservaient des petites fraises, des atocas, des gadelles, des bleuets, des mures et plus au sud, des noix cendrées, des noix longues et même des châtaignes. Ces fruits étaient souvent intégrées dans des galettes faites avec de la semoule de maïs qu’on faisait cuire enveloppées d’écorce ou de feuilles de maïs dans de l’eau bouillante ou sur une pierre chaude. Les Français puis les Écossais faisaient la même chose en en mettant aussi dans leurs galettes à la farine de blé qu’ils faisaient cuire dans un poêlon de fer noir. On en mettait aussi dans les gruaux d’avoine ou dans leur sagamité, à l’exemple des autochtones. Les premiers camps de bucherons firent aussi beaucoup appel aux fruits séchés comme les raisins, les pommes et les poires séchées avec lesquels les cooks faisaient des crêpes, des galettes ou des tartes. Le pain au raisin du matin est l’exemple le plus connu de cet usage.

Les gelées

Les gelées sont des jus de fruits cuits avec du sucre et leur pectine naturelle qui les fait prendre en gelée; lorsque le fruit ne contient pas assez de pectine, on en ajoute un peu, créée à partir des pommes. Les gelées ont été popularisées en France, à la cour de Louis XIV. Nous les avons donc reçus directement de France. Le Québec ancien était amateur de gelées parce qu’il pouvait ainsi utiliser le jus de beaucoup de petits fruits avec des noyaux. Les petits fruits sauvages devenaient ainsi utilisables plus facilement pour les desserts, puis, plus tard, les déjeuners. Notre liste de gelées est impressionnante. Je vous donne la liste des aliments avec lesquels on fait des gelées, sur notre territoire : gelées à l’anisette (gaultérie ou petit thé), au gingembre à la mousse d’Irlande, au thé du Labrador, d’abricots, d’airelles vigne d’Ida du Nunavik (kimminak), d’atocas, de betteraves, d'érable, d’oxalide dressée, de bleuets, de camarines, de cassis, de cèdre, de cenelles, de cerises à grappes, de cerises aigres, de chicoutés ou plaquebières, de coings, de quatre-temps (cornouiller du Canada), de fraises, de framboises de jardin ou sauvages, de gadelles blanches, de gadelles rouges, de groseilles vertes, de lilas, de maïanthème du Canada, de mascobina ou sorbier ou cormier, de menthe, de merises, de mures, de pêches, de petite oseille, de petites poires ou baies d’amélanchier, de pétales de roses cultivées ou sauvages, de petits atocas sauvages, de pimbina (Squabberry Jelly), de poires, de poivrons rouges, de pommes seules ou avec framboises ou avec mures, ou avec baies d’églantiers, ou avec atocas ou avec thé des bois, ou avec pommettes, ou avec cenelles ou avec feuilles de géranium, de pommettes seules ou à la menthe ou avec pimbina ou avec pétales de roses, de Prunes de Damas, de prunes sauvages, de raisins bleus, de raisins sauvages, de rhubarbe, de salsepareille, de sureau blanc et de tomates rouges.

Les marmelades

Les marmelades sont des confitures épaisses dont le nom serait d’origine portugaise (marmelo). Une hypothèse veut que, lors des grandes traversées de l’Atlantique vers l’Amérique ou les Indes, les Espagnols et les Portugais conservèrent leurs fruits exotiques en les confisant avec du sucre. Mais cet usage se serait répandu surtout dans les cours royales qui pouvaient se payer du sucre et des fruits exotiques. La marmelade d’orange aurait été créée en Écosse pour la reine Marie, en 1561. Le premier livre de recettes de confitures serait apparu en Italie, à l’époque de Catherine de Médicis. À la fin du XVII e siècle, on publiait les premières recettes de confitures et de marmelades américaines. On conservait les fruits avec du miel, de la mélasse et du sucre d’érable. La marmelade devint la confiture spécialisée avec des agrumes parce qu’elle incluait toujours l’écorce des fruits. On laissait même les noyaux pour obtenir plus de pectine et l’on ajoutait des noix pour épaissir d’avantage le mélange. En résumé, cette façon de faire donnait une confiture plus épaisse que la confiture conventionnelle. Voici les aliments avec lesquels on fait des marmelades, chez nous : abricots, airelles vigne d’Ida nature, bleuets, carottes, citrouilles, coings, courges, courgettes, fraises, oranges, pamplemousses, pêches,poires, pommes, prunes, rhubarbe ou tomates.

Les miels

Nos ancêtres français connaissaient bien le miel d’abeille, de guêpe ou de bourdons qu’ils appelaient des taons. Avant d’avoir des ruches, on recueillait même le miel des insectes sauvages en allant chercher leurs nids dans les arbres ou les granges. Les fermiers les attiraient même dans leurs vergers en leur construisant des ruches rudimentaires avec de la paille, pour la pollinisation de leurs arbres fruitiers. Les autochtones connaissaient aussi le miel de guêpe et l’aimaient. Mais ils ne cuisinaient pas vraiment avec. Les premières ruches en bois telles que nous les connaissons aujourd’hui se sont généralisées, au Québec, vers 1820-1830. Le miel au déjeuner remonte au temps des Celtes, les ancêtres communs des Français et des Britanniques, qui en mettaient dans leur bouillie de céréales du matin.

Les produits laitiers sucrés

La tradition franco-québécoise associe le sucre aux produits laitiers du déjeuner. Les enfants, en particulier, déjeunaient avec du pain déchiqueté dans un bol de lait avec du sucre et des petits fruits sauvages en saison. Le fromage égoutté se mangeait aussi sur du pain de ménage saupoudré de sucre d’érable granulé. Certains hommes, pendant l’été, aimaient commencer leur journée par un plat de cailles (l’équivalent de notre yogourt) avec de la cassonade ou su sucre d’érable.

Les tartinades aux fruits sans sucre

Les campagnes menées contre le sucre par les diététistes responsables de la santé publique ont amené certains cuisiniers à remplacer les confitures traditionnelles et les fruits au sucre conservés au congélateur, par des tartinades qui utilisent des gelées du commerce et/ou de la pectine de pomme pour les épaissir de même que moins de sucre ou un édulcorant pour remplacer le sucre. Ces tartinades sont apparues dans les années 1980. Voici quelques exemples de ces produits popularisés par Bernardin, compagnie spécialisée en mise en conserve domestique qui en propose plusieurs modèles : tartinades de bleuets avec pommes acidulées et jus de raisin concentré; de fraises avec pommes acidulées et jus de pomme concentré; de fraises et rhubarbe avec pommes acidulées et jus de pomme concentré; de mangues et framboises; de pêches aux épices avec pommes acidulées, jus de citron et jus de pomme concentré; de petits fruits mélangés (fraises, cerises aigres, framboises, avec pommes acidulées et jus de pomme concentré et tartinade de prunes et jus de pommes concentré.

Les tartinades diverses sucrées

Il faut d’abord dire que les Anglo-Québécois à la dent sucrée nous ont apporté plusieurs types de tartinades sucrées pour le matin. Je pense au lemon flip ou lemon curd,  au black butter jersiais (pommes, épices et cidre). Ce sont les frères Grenache, originaires de Saint-Damien de Brandon, qui ont créé le caramel Grenache, en 1950. Ils étaient surtout connus pour leur crème glacée. Ils ont commencé à produire commercialement des tartinades sucrées pour le matin ou pour accompagner la crème glacée ou les desserts. Ils mirent sur le marché de la marmelade d’orange, un beurre de chocolat, des confitures de framboises, de la gelée de fraises, du beurre de caramel, de la gelée de pommes et du fudge (chocolat). En 1932, la coopérative Les Producteurs de sucre d’érable de Québec ont créé le premier beurre d’érable fait à 100% de sirop d’érable. Plusieurs familles ont, dans les années 1950, créé leur propre tartinade dont voici quelques exemples : beurre d’amande et confiture d’abricots; beurre d’arachide et confiture de fraises; beurre d’érable; beurre de sésame au miel; caramel maison; butterscotch; caramel au chocolat; tartinade aux noisettes et chocolat pour imiter le Nutella importé. Enfin, plusieurs personnes ont historiquement déjeuné avec du pain tartiné de mélasse ou de sirop d’érable.

Les accompagnements sucrés chauds

Les œufs sucrés

L’habitude d’associer les œufs à du sucre remonte au XIX e siècle, au Québec. On a d’abord fait cuire des œufs dans le sirop d’érable qui est devenu une spécialité québécoise de la cabane à sucre. Puis, on a créé aussi, pour le matin, des mélanges d’œufs battus à de la mélasse qui portent toutes sortes de noms selon les régions et qui servent à accompagner le pain de ménage ou les galettes traditionnelles du matin. Voici des exemples d’association des œufs au sucre : les confiture aux oeufs et sirop de maïs à la vanille des Iles-de-la-Madeleine; les coulisses dans le sirop d’Hébertville (œufs battus versés dans du sirop d’érable ou de la mélasse bouillante); la fripette aux œufs et mélasse des Acadiens installés au Québec; la guimauve maison avec des blancs d’œuf pour tartiner notre pain. Et bien sûr les œufs dans le sirop, cassés dans le sirop d’érable bouillant ou les œufs brouillés dans le sirop d’érable bouillant plutôt que dans le beurre, comme on le fait en Beauce.

Les pain dorés ou rôtis

Le pain rôti dans un corps gras et sucré ou rôti directement dans le sucre a été une habitude populaire dans plusieurs familles québécoises du XIXe au milieu du XXe siècle. Pensons d’abord au pain doré qui est un pain qu’on trempe dans une omelette sucrée avant de le faire revenir dans le beurre des 2 côtés. On le saupoudre simplement de sucre blanc, de sucre d’érable, de cacao, de cannelle, de râpures de chocolat mi-sucré, ou on l’arrose de sirop doré, on on le garnit d’une salade de fruits frais pour le servir. Dans la région de Kamouraska, on fait des tôsses à l’eau ou au lait : ce sont des tranches de pain trempées dans l’eau ou le lait avant de le faire rôtir dans de la graisse de lard salé ou de bacon,  qu’on saupoudre ensuite de cassonade ou de sucre d’érable. On fait aussi rôtir du pain dans la mélasse, le sirop d’érable ou le miel bouillant qu’on appelle des tôsses au sirop ou au miel, ou des peurs, comme sur la Côte-du-Sud.

Les produits laitiers chauds et sucrés

Il arrivait que lorsque le pain était sec, on le déchiquète et on le fasse cuire un peu dans du beurre fondu et qu’on le saupoudre ensuite de sucre d’érable; on appelait cela des miettes au beurre.

Conclusion

Pour terminer cet article sur les déjeuners, ajoutons que la vie moderne a défait le mariage traditionnel du déjeuner entre un glucide et un accompagnement lipidique ou végétal. On va de plus en plus vers des plats tout en un qui ressemblent plus à nos plats traditionnels de lunch ou de plats principaux; je pense aux poutines déjeuner ou aux pizza déjeuners. Les casseroles déjeuners sont tout aussi populaires. Elles nous viennent des magazines américains et sont surtout populaires dans les États américains autour des Grands-Lacs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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