La gourgane ou fève des marais est originaire du sud de l’Afghanistan et du bas des pentes de l’Himalaya. On la cultivait au Cachemire, il y a 9 000 ans. Elle était donc connue dans l’Antiquité, au Moyen-Orient, en Grèce et à Rome. Au IXe siècle, Charlemagne obligeait les paysans de son royaume à semer des gourganes. On les faisait sécher comme les pois et les lentilles pour lutter contre les famines fréquentes, dans les villages européens de l’époque. Nos ancêtres français ont donc apporté des gourganes dans leurs bagages. On en mangeait beaucoup sur les bateaux qui faisaient la traversée de l’Atlantique. Les pêcheurs bretons s’en nourrissaient presque quotidiennement. C’est d’ailleurs d’eux qu’on aurait hérité du mot gourgane qui veut dire « petite gorge »; gourgane était le nom qu’on donnait à leur bateau de pêche parce qu’il avait la forme d’une gorge. Or, comme on y mangeait principalement de ces légumineuses, les pêcheurs auraient transféré le nom du bateau aux fèves en question. Le mot désignait aussi la gorge du porc que l’on faisait fumer au Québec. Les deux étaient d’ailleurs associés dans certaines soupes aux gourganes de Charlevoix. La gourgane est presque disparue des mœurs alimentaires de l’Ouest du Québec mais elle est encore bien vivante dans l’Est, particulièrement dans Charlevoix, le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord et la Gaspésie.