Soumis par Michel Lambert le
Cette expression n'existe pas vraiment, telle quelle. On tombe plutôt dans les pommes et on est "dans les patates". Mais pour quelques-uns, "être dans les tomates" veut dire "ne pas être concentré" alors qu'"être dans les patates" veut dire "se tromper". Quoi qu'il en soit, ces expressions liées aux légumes ne font que révéler la place qu'occupe ces légumes dans la culture québécoise.
Les tomates sont apparues au Québec, au milieu du XIXe siècle seulement, comme plantes d'intérieur introduites par de riches familles anglaises. On aimait les fruits rouges de cette plante sans oser les manger parce qu'on croyait qu'elles étaient du poison comme plusieurs plantes de la même famille qu'elles, les solonacées. En effet cette famille de plantes inclut la belladone, la morelle, le datura, la mandragore et le tabac qui sont toxiques ou psychotropes.
Ce sont les Américains qui nous ont initiés aux tomates en conserve avant de nous envoyer des graines de tomates qu'on a commencé à planter dans nos jardins lorsqu'on a pu s'équiper d'une sertisseuse pour les mettre en conserve pour l'hiver, entre 1875 et 1900. Curieusement, le troisième président américain, Thomas Jefferson, décida d'en planter dans son jardin de Virginie et d'en manger, sans problème, après y avoir goûté, en France, lors d'un voyage dans ce pays, lors de la Révolution française, en 1789. Les Cajuns et les Louisianais en contact avec la France en mettaient dans leur plats dès 1810. Mais, nous venons d'apprendre que les Virginiens connaissaient les tomates depuis belle lurette parce que leurs employés d'origine amérindienne leur faisaient des sauces tomates mexicaines depuis au moins le début du XVIIe siècle. Les Abénaquis de la Nouvelle-Angleterre auraient eu des contacts avec ces autochtones du Sud et auraient aussi commencé à en planter dans leurs jardins bien avant les Canadiens-anglais ou français. On faisait entre autres une soupe aux tomates et au maïs, en ce temps-ci de l'année.
Notre site contient plusieurs recettes de tomates fraiches et en conserve. Je vous en donne quelques-unes, en vedette, cette semaine.
Michel Lambert, historien de la cuisine familiale du Québec