Redécouvrons le hareng et nos racines germaniques!

La majorité des Québécois actuels, y compris les Britanniques de vieille souche et les autochtones du Québec aux noms bien français ont des ancêtres français. Or les Français débarqués au Québec, au XVIIe siècle, étaient eux-mêmes issus de plusieurs grandes ethnies européennes. Nous avons parlé, la semaine dernière, de nos racines celtiques et gauloises. Parlons, cette semaine, de nos racines germaniques.

Au Ve siècle de notre ère, la Gaule romanisée était conquise par les Francs qui arrivaient du Nord-Est de la France. Ce peuple d’origine germanique allait marquer l’histoire du nord de la France, de la Belgique, du Luxembourg, de l’Allemagne et des Pays-Bas. Sa langue se mêlerait pendant quelques siècles au latin et au celte parlé en Gaule pour former une nouvelle langue, le français. Cette langue se transforma progressivement pendant tout le Moyen Âge, en particulier dans la grande région parisienne. Mais il fallut attendre Napoléon pour voir l’imposition du français dans toute la France, au début du XIXe siècle. Ainsi, le français de Paris et de la Normandie a été parlé partout en Nouvelle-France bien avant la France elle-même!

Au début du IXe siècle, un autre peuple germanique débarquait sur les rives de la Seine, les Vikings ou les Hommes du Nord. Ces gens allaient s’installer dans le pays et fonder une nouvelle nation, la Normandie. Là aussi le celte, le latin et le viking mêlèrent leur langue et leur culture culinaire pour former une nouvelle entité culturelle. Au XI e siècle, cette nouvelle nation faisait la conquête de l’Angleterre en mêlant progressivement sa langue avec celle d’autres ethnies germaines comme les Angles et les Saxons. La cuisine normande allait donc marquer profondément la cuisine anglo-saxonne comme la nouvelle cuisine française de l’Ouest de la France.

Le Québec ayant été fondé par des Normands et des Français du Nord-Ouest, au XVII siècle, transmettra cet héritage germanique en Amérique du Nord. Les peuples germains étaient de grands éleveurs de bétail et de porc. Ils aimaient beaucoup les produits laitiers frais ou surs. Qui dit cuisine normande, dit sauce blanche, crème, beurre, cailles ou yogourt. Qui dit cuisine normande, dit aussi porc nature et fumé  comme le jambon, le bacon, le boudin et les saucisses fumées.  Ces produits ont été inventés par les peuples germains installés dans le nord de l’Europe où l’abondance des arbres permettait de conserver les aliments par la fumée, comme au Canada. À la différence du Canada, cependant, on commençait par saler les viandes avant de les fumer, et l’on ne se gênait pas pour ajouter du miel à la saumure car cette denrée était hautement estimée par les peuples germains. On remplaça le miel par la mélasse et le sirop d’érable, au Québec.

Enfin, les peuples germains vivant majoritairement sur les rives de la mer du Nord vouaient un véritable amour pour le hareng.  Au XIIIe siècle, ils en faisaient un commerce très lucratif. On lira avec profit l’article consacré au hareng, sous l’onglet ALIMENTS du site.

Je vous invite, cette semaine, à explorer cette partie oubliée de notre patrimoine culinaire. Je vous recommande particulièrement le hareng légèrement salé qu’on consomme cru, à la manières de nos ancêtres, avec des pommes de terre chaudes ou enrobées de crème fraiche ou sure ou mariné dans le vinaigre, le jus de citron ou la bière brune. C'est notre tartare à nous!

Toutes les recettes de cette semaine ont été vérifiées avec un hareng exceptionnel fourni par la Société Orignal et pêché à Blanc-Sablon, par William Beaudouin et sa famille. Je vous invite à communiquer, par courriel, avec la société Orignal si vous voulez vous en procurer du frais ou du congelé, à un prix compétitif, à l’adresse : alex.cruz@societe-orignal.com.