Étudier le passé pour préparer l’avenir !

L’histoire de l’alimentation prend de plus en plus de place dans nos facultés universitaires et j’en suis tout heureux. Cette histoire permet d’établir des liens entre la nature et la culture des peuples. Elle permet de comprendre comment se sont construites les identités culinaires ethniques et nationales, en particulier la nôtre. Mais elle est aussi un immense réservoir de réponses à nos questions contemporaines.

Notre planète se réchauffe, les glaciers fondent, les grandes plaines agricoles s’assèchent et seront bientôt inondées par la montée des eaux. Tout cela à cause d’un inconscience collective désarmante pour celui qui observe ce qui se passe. Et la population mondiale augmente sans cesse dans les pays les plus pauvres de notre planète. Ces populations se déplacent donc massivement vers les terres les plus riches, pour ne pas dire vers des mégalopoles qui comptent plus de gens que certains pays. Comment nourrir tous ces gens avec les changements climatiques qui vont détruire notre agriculture actuelle ?

L’histoire du monde nous propose pourtant plusieurs solutions à nos problèmes d’approvisionnement alimentaire dans le futur. Les historiens, les scientifiques et les techniciens intelligents peuvent, en équipe, proposer des solutions pour notre futur. La recherche universitaire pourrait s’occuper de cet enjeu pour notre futur. Je voudrais, ici, souligner le travail que fait Tristan Landry de l’Université de Sherbrooke, qui travaille à trouver des solutions formidables pour nos enjeux actuels. Ce chercheur québécois a particulièrement étudié les solutions qu’ont dû trouver les pays totalitaires du XXe siècle, comme la Russie et l’Allemagne nazie, pour résoudre leurs problèmes majeurs de ressources alimentaires et de famine. Je vous invite à consulter sa recherche à l'Université de Sherbrooke. Les étudiants(es) de l'UQAM en histoire de l'alimentation, sous la direction de Madame Czergo, font un travail formidable. Mon dernier livre portant sur notre relation avec les cuisines du monde entier m'a mis en contact avec les sociétés asiatiques et africaines les plus isolées pour voir comment ces sociétés pouvaient survivre avec des solutions ingénieuses qui pourraient nous servir de modèles, à l’heure actuelle. Certains jeunes étudiants s’impliquent de plus en plus dans la recherche historique de solutions pour l’avenir de notre société. L’économie de partage, le locavorisme, l’anti-gaspillage alimentaire sont des solutions traditionnelles remises à l’honneur pour faire face aux problème qui s’annoncent. Je voudrais ici souligner le travail exceptionnel de Guillaume Cantin pour lutter contre le gaspissage dans nos épiceries. La Transformerie qu'il vient de fonder va apporter des solutions techniques concrètes à cette problématique majeure du monde de l'alimentation québécoise.

L'histoire n'est pas qu'un plaisir de dilettante, C'est aussi un réservoir de solutions pour les problèmes de notre société actuelle et future. L'historien fait oeuvre utile!

Michel Lambert, historien de la cuisine familiale du Québec