Soumis par Michel Lambert le
Lorsque les Vikings sont débarqués à Blanc-Sablon, il y a 1 000 ans, y a-t-il eu échange de nourriture avec les Innus locaux? On a n’a pas de récits historiques qui puissent en témoigner. On sait cependant qu’il y eut des contacts fréquents entre les Dorsétiens du Labrador et les Vikings. Par la suite, les Basques sont débarqués tout le long de la Côte-Nord et de la Côte-Sud pour bâtir des fours où ils faisaient fondre le gras des mammifères marins qu’ils abattaient. Les autochtones les aidaient à faire ce travail et communiquaient avec eux dans un pidgin qui était un mélange de langue basque et algonquienne. Les échanges de nourriture se faisaient donc entre les deux peuples, comme les textes basques le révèlent. On estime que c’est à ce moment-là que les Innus auraient appris à faire de la bannique avec de la farine de blé. Un autre texte breton révèle, entre autres, que les Bretons de l’île Bréhat pêchaient la morue dans le golfe Saint-Laurent depuis 1454. Entre 1570 et 1580, des dizaines de bateaux normands, bretons, anglais, hollandais, comptant plus de 1 500 pêcheurs, s’activaient et débarquaient sur les côtes du golfe. En 1579, on précise même que 10 000 hommes pêchaient dans le golfe, répartis en 150 morutiers français, 100 espagnols et basques, 50 portugais et 50 anglais. Chaque bateau comptait de 25 à 30 hommes qui apportaient, de leur pays natal, des provisions de sel, des biscuits-matelot, des haricots, des pois, du vin, de l’huile d’olive, du cidre et beaucoup de farine de blé. Les Basques ont même construit un moulin à farine à Tadoussac pour moudre les grains de blé qu'ils amenaient.
La farine de blé était échangée avec les autochtones locaux. Ces derniers connaissent aussi la farine de maïs qu’ils échangeaint avec les Iroquoiens de Québec qui venaient, chaque été, se chercher du poisson dans le golfe. Les archéologues ont trouvé leurs traces jusqu’à Blanc-Sablon. Et ces mêmes pêcheurs européens ont largement gouté au gibier québécois fourni par les autochtones, et probablement aux légumes secs des Iroquoiens, comme le maïs et les haricots. La preuve, c’est qu’ils ont apporté des grains de ces deux légumes en Europe. La cuisine basque, avec ses plats de maïs et de haricots rouges, témoigne de ces contacts avec les autochtones québécois. La fusion entre la cuisine européenne et autochtone date donc du XVIe siècle, avant la fondation même de Québec. Je vous invite à gouter aux recettes descendantes de ces premiers contacts, en particulier avec les soupes à la farine de maïs ou à la farine de blé de même qu'aux plats de morue.
Bonnes découvertes.