Soumis par Michel Lambert le
Dans la majorité des cultures humaines, ce sont les femmes qui font la cuisine pour nourrir leurs enfants et par extension, leur famille. Ce rôle de la femme est d'ailleurs partagé par le majorité des mammifères, doués de mamelles pour nourrir les bébés. C'est donc une fonction dominante des mammifères qui est partagée par plusieurs espèces d'oiseaux et de poissons de notre planète. Mais pas chez toutes les espèces d'oiseaux et de poissons. Chez les poissons, par exemple, beaucoup d'espèces ne nourrissent pas leurs petits laissant le hasard faire les choses, ou bien c'est le mâle qui s'occupe de la survie de ses petits et non la femelle; c'est le cas en particulier des poules d'eau qui nous donnent les oeufs de lompe, petits cousins du caviar. Plusieurs couples d'oiseaux nourrissent leurs petits en alternance, comme les goélands et les eiders. Mais chez certaines espèces de guillemots, comme ceux de Brünnich, c'est le papa qui éduque le petit et le nourrit jusqu'à sa maturité. Même chose pour la plupart des bécassesaux et bécassins du Québec. Le mâle qui revient du Sud en premier creuse plusieurs trous pour donner le choix à sa partenaire d'y pondre ses oeufs. Elle les couve pendant quelques jours et quitte le nid pour laisser la place à son conjoint d'un soir qui s'occupera de terminer la couvaison et d'élever les petits. De son côté la femelle va pondre des oeufs avec d'autres partenaires afin d'assurer encore plus la reproduction de l'espèce. Ce qui, de toute évidence, démontre que la nature a trouvé plusieurs moyens de nourrir les petits et d'assurer leur survie.
Cette constatation scientifique permet d'éclairer nos débats actuels sur les rôles de l'homme et de la femme dans l'éducation de leurs petits. L'Homo sapiens vit des transformations majeures à l'heure actuelle; son identité sexuelle se décloisonne tout comme ses rôles sociaux. Ce qui lui fait vivre des remises en questions psychologiques qui l'inquiètent et parfois l'angoissent de façon importante. Heureusement, ces changements se font chez nous, dans une environnement aimant et acceptant plus que dans certains pays. Les rôles sociaux se distinguent de plus en plus de l'identité sexuelle. Les hommes cuisinent plus que jamais, chez eux. Les femmes travaillent plus comme menuisier, pompier ou médeçin. Les homosexuels dirigent nos compagnies et nos usines. Et nos adolescents sont libres de ressentir ce qu'ils sentent en eux, avec le respect de l'autre qui demeure la valeur principale de notre société.
Dans ce nouveau contexte, la journée de la femme semble un peu dépassée. Mais ce n'est malheureusement pas le cas. Jamais, nous n'avons autant parlé de viols, de violences conjugales, de féminicides, d'inégalités salariales et sociales dans le monde des affaires et de la politique. Les femmes doivent toujours se battre pour obtenir les fonctions de décision en politique et et en économie. Quelques québécoises, comme Jeanne Benoit, Soeur Berthe nous ont tracé la route en cuisine. C'est le temps de les voir plus souvent au Gouvernement de Québec et d'Ottawa. Des hommes prennent d'ailleurs de plus en plus de place dans les cuisines familiales. Bravo Ricardo de donner l'exemple.
La cuisine n'est plus une fonction identitaire. Elle devient une responsabilité individuelle et sociale qui s'occupe désormais de notre survie personnelle et collective.
Michel Lambert, historien de la cuisine familiale du Québec