Les eaux nature ou parfumées, cette semaine

Les gens de mon âge se rappellent certainement d'être allé chercher de l'eau de Pâques, avec leurs parents ou leurs amis adolescents, ce matin! Chaque famille avait sa source d'eau réputée où l'on se retrouvait, entre amis. Certains apportaient de quoi pour faire un feu, d'autres une guitare pour chanter ce moment magique particulier. Il fallait ramasser l'eau au moment précis où le soleil se levait ou, les jours nuageux, au moment où la clarté arrivait. Cette eau de Pâques était conservée dans un flacon et on on la buvait, si on tombait malade ou s'il arrivait un gros orage dansgereux, en été. Certains amenaient cette eau à la première messe de Pâques, qui se célébrait vers 6 h, dans la plupart des paroisses, pour lui ajouter une bénédiction. Ce qui lui donnait, aux dires des anciens, un pouvoir accru!

Cette eau de Pâques était jumelée d'une autre eau importante, dans notre culture, l'eau d'érable. Celle-ci ramassée le matin de Pâques, était utilisée pour faire la traditionnelle ponce de Pâques qu'on prenait en appéro au retour de la messe de Pâques. Même les enfants pré-adolescents pouvaient goôter à la ponce de Pâques, comme au Jour de l'An. Aujourd'hui, les urbains peuvent trouver de l'eau d'érable dans le commerce. Pourquoi ne pas se faire une ponce à l'eau d'érable aujourd'hui, en zoom, à défaut de pouvoir se voir tous en famille!

L'eau de source avait un très grand pouvoir dans notre culture culinaire. Ce site vous raconte plusieurs manières de la parfumer de manière traditionnelle. C'est au XIXe siècle que les eaux parfumées étaient le plus populaires. On les parfumait particulièrement avec du vinaigre de framboises ou de fraises, avec des rondelles de citron ou d'oranges, des pelures et des coeurs de pommes ou des feuilles abimées de laitue qu'on voulait ainsi récupérer, du vinaigre blanc combiné à de la mélasse et du gingembre, des petits atocas sauvages, de la petites oseille, etc. Ces boissons étaient surtout bues en été pour se rafraîchir, comme les limonades classiques. L'hiver on préférait plutôt les tisanes qu'on faisait avec des plantes sauvages ramassées l'été et l'automne précédent. Ces tisanes avaient souvent une fonction pharmacologique, sinon un pouvoir calmant apprécié des aînés. Ces tisanes appartiennent beaucoup à notre héritage autochtone.Ce sont les familles métissées qui en ont répandu l'usage dans la population de souche française.

Je crois qu'on peut récupérer cette partie de notre patrimoine culinaire dans des cocktails ou des entremets contemporains. Je l'ai fait, à de nombreuses reprises, quand j'étais chef. Mon bavarois à la tisane de thé du Labrador était bien appréciée.

Je profite de l'occasion pour vous remercier de votre fidélité à la lecture de mon blogue, chaque dimanche matin. Je vous imagine bien, avec votre écran et votre tasse de café, de thé ou votre chocolat chaud!

Michel Lambert, historien de la cuisine familiale du Québec