Contact avec notre patrimoine maritime
Soumis par Michel Lambert le
Beaucoup de Québécois prennent leurs vacances près de la mer. L’été, ils prennent les routes qui mènent vers l’Est du Québec comme la Gaspésie, les Iles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent et Charlevoix. L’hiver, ils fréquentent les plages de la Floride, du Mexique et des Antilles. Ils aiment la mer et ses produits marins. Chaque année, j’ai besoin de me retrouver au bord de la mer même si je ne suis pas né au bord d’elle comme plusieurs d’entre nous.
Cet été, je suis allé avec ma femme, jusqu’au bout de la Côte-Nord, à Blanc-Sablon, en voiture et sur le Bella Desgagné, un bateau-cargo aménagé pour accueillir des touristes. Ce fut un voyage merveilleux où nous avons rencontré des gens qui habitent ces villages francophones et anglophones. Notre capitaine se frayait un chemin à travers des centaines d’iles beiges et vertes, sans arbre, inhabitées, révélant pour la plupart d’entre nous, un autre visage important de notre Québec maritime. J’ai passé de longs moments, sur le pont du 8e étage, à observer les rorquals, les dauphins à dos blancs, les mouettes, les quelques nuages et bien sur, l’infini de la mer. Une biologiste sur place répondait à nos questions sur les mammifères du golfe et sur la nature que nous allions visiter, lors de nos escales dans les villages.
Nous voyions le bateau charger les conteneurs de fruits de mer à destination de Rimouski pour le marché québécois ou international. Nous voyions les pêcheurs revenir de leur pêche au crabe et ramasser leurs cages sur les quais. Nous voyions des résidents locaux prendre le bateau pour aller visiter des amis ou de la parenté dans d’autres villages de la Côte-Nord. Les Innus embarquaient nombreux pour venir vénérer la bonne Sainte-Anne, le 26 juillet.
J’aimerais signaler le soin exceptionnel que prenait le personnel du navire pour prendre soin de nous, à tout moment. Je pense en particulier à Lucie, responsable du personnel de service du bateau, au moment nous faisions le voyage. La cuisine nous faisait connaître les aliments-vedettes de la Côte-Nord : le homard, le crabe, les pétoncles, les crevettes nordiques, la morue, l’aiglefin, le flétan atlantique, le flétan du Groenland sans oublier les petits fruits locaux de saison, servis au dessert. C’était bon, beau et spécialement original dans les entrées. Le 8e pont avait un salon de lecture où des livres mis à la disposition des gens parlaient de la culture innue et des richesses du golfe.
Enfin, les touristes, majoritairement Québécois, échangeaient entre eux facilement et semblaient vraiment apprécier leur voyage et les découvertes qu’ils y faisaient. Cela leur donnait le gout de revenir et de faire connaitre davantage ce coin de pays à leurs amis et membres de leur famille.
Je veux aussi vous parler de Claude Lussier qui a fondé le Grenier Boréal, à Longue-Pointe-de-Mingan. Cet homme de conviction, travailleur infatigable, a fondé une coopérative agricole dont l’objectif est de produire le plus de légumes et de fruits possibles, en milieu nordique, au-delà du 50e parallèle. J’ai gouté à ses fraises, j’ai vu ses tomates, son estragon, ses pommes de terre, et surtout son installation ingénieuse pour lutter contre le froid et l’aridité du sol sablonneux. Son savoir-faire, appuyé par des étudiants universitaires en agriculture, donne un caractère tout à fait crédible et convaincant à son entreprise. Il prépare, comme dans le sud du Québec, des paniers de denrées pour les résidents des villages environnants. Il a aussi des cueilleurs qui ramassent des petits fruits locaux et des plantes sauvages pour envoyer dans les centres urbains du sud-ouest du Québec.
Je pourrais aussi vous parler de Magella qui tient un gite à Natashquan, le Port d’attache, et qui, malgré les longues journées, garde son sourire et sa chaleur humaine pour ses clients.
Je pourrais vous parler de Sébastien Lécuyer, natif de Baie Johan Baetz, qui rêve de faire connaître son pays culinaire au monde entier et qui partage sa passion pour le pays avec ses clients en visite à Natashquan, au restaurant Le gout du large.
Au moment où nous avons fait le voyage, il n’y avait pas autant de touristes que je l’aurais imaginé. Pourtant beaucoup de Québécois choisissent de visiter le Québec, cet été. Je sais que la Gaspésie est particulièrement populaire. Mais je vous assure, la Côte-Nord mérite le déplacement. Venez redécouvrir le pays de notre plus grand poète actuel. Venez visiter sa petite école, à Natashquan et revoir ses principales chansons avec une guide compétente et profonde qui sait, comme le célèbre poète, nous amener dans l’au-delà des mots!
Michel Lambert, historien de la cuisine familiale du Québec