Soumis par Michel Lambert le
L’internationalisation actuelle des recettes et des produits alimentaires pose plusieurs problématiques qui préoccupent nos familles, nos cuisiniers et nos décideurs politiques.
On veut exporter nos produits de qualité comme nos fruits de mer et notre sirop d’érable mais les pays qui veulent nos produits veulent, en retour, pouvoir exporter leurs produits. Il arrive très souvent alors que les produits qu’ils veulent exporter entrent en compétition avec les nôtres; je pense, ici, aux fromages québécois dont nous voulons protéger la production actuelle. Les tenants de l’économie mondiale ont l’économie comme valeur prioritaire de leur échelle des valeurs : il faut acheter les produits qui nous coûtent le moins cher, sur le marché mondial. Ainsi, un produit moins cher sera plus accessible à tous, y compris aux plus pauvres de nos sociétés.
Par contre, en suivant ce principe, on devient dépendant du marché mondial, du hasard du climat, des conflits territoriaux et des modes. On ne sait plus vraiment comment est élevé ou cultivé le produit en question, avec quels engrais, quels insecticides, quelles hormones, par qui, à quel salaire dans quelles conditions sociales. De plus, on perd un savoir-faire de base, acquis depuis des centaines d’années, pour notre survie alimentaire. On n’a plus de pêcheurs, de chasseurs, de jardiniers compétents. Ces métiers disparaissent de notre pays parce que nos produits n’arrivent plus à entrer en compétition avec les produits étrangers comme ceux de la Chine, de l'Indonésie ou du Mexique.
Face à ce choix de nos dirigeants politiques, un certain nombre de penseurs et d’artisans proposent une autre échelle de valeurs : celle de l’autosuffisance alimentaire, de l’achat local, de la fraicheur et de la qualité des produits alimentaires ayant moins voyagé et pollué la planète. Cette pensée encore marginale dans notre société fait en sorte que les produits issus de cette approche sont beaucoup plus chers que ceux proposés dans les grandes chaines alimentaires guidés par des principes d’économie et de spéciaux hebdomadaires.
Les plus riches d’entre-nous ont le choix entre les produits locaux et ceux de l’étranger; mais les plus pauvres n’ont pas ce choix.
Il y a cependant, même pour les plus pauvres, des solutions faciles à cette problématique, moyennant un effort, du travail et de la planification. On peut devenir de plus en plus autonome au plan alimentaire en se faisant un jardin, des conserves de toutes sortes, en allant à la pêche ou à la chasse. C’est ce que faisaient nos grands-parents et nos ancêtres lointains. Ils assuraient la survie de leur famille à peu de frais. C’est aussi un style de vie, une vision éclairée pour l’avenir de la planète et de notre propre communauté qui est en jeu dans ce débat.
En résumé, je crois personnellement qu’il faut encourager le plus possible notre économie locale en achetant et en cuisinant nos produits locaux, et en achetant de l’étranger, les produits que nous ne pouvons produire à cause de notre climat nordique. Il faut retouver l'autosuffisance alimentaire, l'ici nourricier et original, tout en restant ouvert sur les recettes et les produits de l'ailleurs! Cultiver ses tomates, les mettre en conserve et acheter du riz et du thé chinois.
Mes deux produits en vedette, cette semaine, sont le lait et le tapioca. Le premier produit est certainement le plus important de notre économie alimentaire et le second est originaire de l’Amazonie mais produit actuellement par tous les pays au climat tropical. De plus, comme le tapioca est un produit sec, il peut voyager par les voies les plus économiques et les moins polluantes de nos transports. Lisez l’article sur le lait et le tapioca et essayez quelques desserts faits avec ces deux denrées. Ils sont simples, légers, faciles à digérer et conviennent bien aux grisailles de février. Et les deux font une belle paire de l'ici et l'ailleurs!
Michel Lambert