Le capelan
«Le capelan annonce le printemps, L’éperlan annonce l’automne» me disait un vieux monsieur de Baie-Saint-Paul. C’est que les gens des villes mélangent souvent les deux lorsqu’ils viennent le pêcher sur les côtes de l’estuaire ou du golfe Saint-Laurent. Le capelan vient frayer par milliers sur nos côtes, lors des grandes marées printanières. Les fouilles des archéologues ont permis de dater sa présence chez nous au moment où l’Atlantique pénétrait le fleuve jusqu’aux Grands Lacs ontariens. C’est donc un poisson dont se sont nourris les Protos-Amérindiens, puis les Archaïques maritimes et leurs descendants, les Iroquoiens du Saint-Laurent de même que les nations de langue algonquienne qui descendaient au fleuve, le printemps. Il est ensuite entré dans les mœurs des Français, puis des Britanniques de l’Est et du Nord québécois car on trouve aussi du capelan sur les côtes du Nunavik. Mais son abondance a aussi fait qu’on l’a largement utilisé comme engrais et comme bouette pour attraper du poisson plus gros. Le capelan est un poisson gras comme le hareng. On a même tiré l’huile de ce poisson, à certains moments de l’histoire saguenayenne pour faire cuire la galette traditionnelle en guise de pain. Je vous invite à consulter mon 2e volume pour plus de détails sur cet important poisson de notre tradition culinaire : Histoire de la cuisine familiale du Québec, la mer ses régions et ses produits, p. 400 à 403.