Les raisins secs
Les raisins secs ont 4 000 ans d'histoire. Les archéologues disent qu'ils ont d'abord été consommés par les Phéniciens qui ont répandu leur usage sur le pourtour méditerranéen, puis les grandes civilisations de l'Antiquité, comme celles des Perses, des Grecs et des Romains, en continuèrent la diffusion dans les siècles suivants. Les raisins secs sont arrivés en France par l'Italie et l'Espagne, au temps de l'Empire romain, avant notre ère. Ce sont les pêcheurs basques qui les auraient amenés au Québec, les premiers, à la fin du XVI e siècle. Ils s'en servaient comme monnaie d'échange avec les nations autochtones qu'ils rencontraient. Comme elles en étaient très friandes, le raisin sec devint l'aliment le plus séducteur de l'Europe, auprès des premiers habitants du Québec. La galette de farine de blé aux raisins secs était un met de roi qu'on offrait à l'amérindien de qui on voulait une belle fourrure pour ramener en Europe. Les missionnaires français ont vite compris la force qu'avaient ces raisins pour convertir les autochtones au christianisme.Le jésuite Paul Le Jeune écrit, en 1636, «Le vingt-deuxiesme du mesme mois, une femme Sauvage apporta son petit fils au Fort, demandant pour luy quelques raisins ou quelques pruneaux. Voyant ce pauvre enfant fort malade, je m'enquis si elle ne seroit pas bien contente qu'on le baptisat; elle s'y accorda fort volontiers.»
Les autochtones ajoutaient de ces fruits séchés à leur bannique et à leurs plats de gibier. La coutume s'est d'ailleurs propagée jusqu'à aujourd'hui où l'on trouve beaucoup de recettes de bannique qui comportent des raisins secs comme les raisins de Corinthe, ceux de Sultana, ceux de Smyrne ou les raisins Thomson. Le pain aux raisins était souvent le pain qu'on servait lors des mariages autochtones ou lors des déjeuners du dimanche des francophones. La tarte aux raisins, le gâteau aux raisins, la brioche aux raisins sont des pâtisseries populaires de notre patrimoine, tant du côté français que britannique. Aujourd'hui, les raisins secs font partie des céréales au déjeuner ou des collations, en cours de journée.
Pour de plus amples informations, voir mon 5e volume Histoire de la cuisine familiale du Québec, le monde à notre table : sa cuisine et ses produits, de la page 713 à 716.