Le corégone

Le corégone est l’un des poissons les plus importants du patrimoine algonquien. Il s’appelle atikamekw dans les langues d’origine algonquienne. Il a même donné son nom à la nation algonquienne du nord de la Mauricie et de Lanaudière. Les Français qui ne connaissaient pas ce poisson en France l’appelaient plutôt « poisson blanc ». C’est ainsi que mon père et mes oncles pêcheurs l’appelaient. Parce que ce poisson n’était pas connu en France, les Franco-Québécois le boudaient, lui préférant les poisson connus à chair rose comme le saumon et la truite. Mais chez les Amérindiens, le grand corégone était un poisson hautement estimé pour sa chair blanche, grasse et moelleuse comme celle du saumon. Il appartient d’ailleurs à la même famille que celle du saumon. Dans le nord du Québec, le corégone vit dans des grands lacs où il atteint des grosseurs et poids respectables. Au sud du Québec, il est plus petit. Au Témiscouata, on l’appelle le « pointu » et on l’apprécie beaucoup. À la fin du Régime français, un jeune soldat français écrivait dans son journal alors qu’il était en mission à Michillimakinac, « ce poisson est excellent, fait du bon bouillon et peut se manger à toutes sauces, cependant il ne se mange à Michillimakinac que cuit dans l’eau et avec un peu de sel. » C’est que le corégone a beaucoup d’arêtes et se mange difficilement lorsqu'on’le rôtit dans une poêle. Autrement, « sa chair est si douce et si succulente qu’elle réjouit merveilleusement le cœur en se fondant auparavant sur la langue comme fait le sucre », aux dires du père Louis Nicolas, missionnaire jésuite ches les autochtones de Trois-Rivières, en 1665-1666.