L'accompagnement de semoule de maïs
La semoule de maïs préparée avec de l’eau, comme les peuples autochtones la cuisinaient avant l’arrivée des Européens, remonte au moins au VIe siècle au Québec. Les peuples de la Plaine du Saint-Laurent et de la Côte atlantique troquaient des grains de maïs contre des biens de la forêt nordique auxquels ils avaient accès par le biais des peuples de langue algonquienne en contact avec les trésors du Grand-Nord ou de la forêt boréale. Les nations des Grands Lacs leur donnaient du maïs en échange de ces outils de pierre et des fourrures nordiques qu’ils troquaient avec les peuples nordiques. Les fouilles faites au Cap Tourmente révèlent qu’on consommait du maïs, à cet endroit, au milieu du VIII e siècle. On ne cultivait pourtant pas encore de maïs, à cette époque. La culture du maïs généralisée commença vers l’an 1000, au Québec. On commença donc à accompagner les poissons et le gibier avec de la semoule de maïs, comme on le faisait dans la région des Grands–Lacs, 500 ans auparavant. En s’installant au pays, les Français adoptèrent rapidement la semoule de maïs, comme le confirme Marie de l’Incarnation, fondatrice des Ursulines de Québec. Les Coureurs des bois étaient des fidèles consommateurs de ce gruau que leur préparait leur conjointe autochtone. Mais on peut dire que ce sont les Loyalistes installés au Québec au début du XIXe siècle qui en firent la meilleure promotion. Ce sont eux qui ont inventé la plupart des plats québécois à base de farine ou de semoule de maïs. Ce ne sont pas les Italiens qui nous ont montré à manger de la semoule de maïs en accompagnement, comme beaucoup de nos contemporains le croient, mais bien les Hurons au XVIIe siècle, et les Loyalistes au XIXe siècle.