Le poisson au déjeuner

Ce sont les Anglais qui nous ont initiés à cette habitude de servir du poisson au déjeuner. Il faut dire aussi que l’habitude s’est répandue dans les régions maritimes et forestières du Québec davantage que dans la plaine du Saint-Laurent. Les Américains de la Côte atlantique ont longtemps déjeuné avec des « fish cakes » qui sont des galettes de purée de pommes de terre mélangée à de la morue salée ou séchée (stock fish) et de l’oignon rôti. La tradition s’est répandue particulièrement en Basse-Côte-Nord, en Minganie, en Gaspésie et chez les anglophones des Iles-de-la-Madeleine avant de passer chez leurs voisins francophones. Les Acadiens ont aussi consommé du capelan noir ou séché pour déjeuner avec du pain et du thé ; on raconte que les enfants déjeunaient en grugeant du capelan noir en s’en allant à l’école. Les Québécois d’origine écossaise déjeunaient aussi avec de la truite accompagnée de bannok, particulièrement ceux établis dans la Baie-des-Chaleurs et ceux des Cantons-de-l’Est. On m’a raconté aussi que le vendredi, on demandait aux enfants qui allaient chercher les vaches au bout de la terre, de ramener de la petite truite de ruisseau pour le déjeuner. Ce déjeuner se prenait après la traite des vaches et le ménage de la ferme avant de retourner faire les travaux de la ferme. Les écossais nous ont aussi initiés aux omelettes au saumon fumé qui sont encore des omelettes du brunch du dimanche. Les Cris et les Atikameks déjeunent aussi avec des crêpes au poisson de saison qu’ils accompagnent de thé noir. Cela démontre que la consommation de poisson au déjeuner fait vraiment partie de notre patrimoine culinaire.