Les têtes-de-violon

Voilà une plante typiquement québécoise que nous ont fait connaître les autochtones résidents des forêts de feuillus ou l’osmonde cannelle pousse abondamment, dans les lieux inondés chaque printemps par les ruisseaux qui dévalent des montagnes. L’osmonde cannelle est une fougère facilement reconnaissable de loin parce qu’elle laisse, chaque hiver, les tiges brunies et séchées des fougères de l’année précédente. On peut donc les repérer de loin quand on va à la cueillette des têtes-de-violon. Ce nom bien québécois désigne l’allure des jeunes fougères qui sortent de terre, au printemps. Les nations iroquoïennes qui habitaient les forêts de feuillus de même que les Abénaquis, les Malécites et les Micmacs connaissaient bien les têtes-de-violon qu’ils consommaient avec le saumon ou les truites de mer de leurs rivières, le printemps. La Matapédia a gardé cette association gagnante et poursuit, aujourd’hui, cette tradition d’origine micmaque. Les colons français et loyalistes ont adopté ce légume sauvage, dès le XIXe siècle, au moment où leur garde-manger familial était à sec. On en faisait des omelettes, des gratins, des soupes ou des légumes d’accompagnement. Certains amateurs en faisaient même des marinades pour l’hiver suivant. Cette activité forestière suivait celle de la cueillette de l’eau d’érable, souvent dans les mêmes endroits. De mon côté, j’ai connu ce légume à l’âge de quinze ans, quand je parcourais les bois, comme scout. Je me souviens l’avoir consommé avec du steak haché d’orignal que j’avais amené de la maison, lors d’un repas sur un feu de camp, avec des confrères d’étude d’origine innue.