La pêche et la nectarine
Plusieurs d’entre nous s’imaginent que la pêche et la nectarine sont des fruits importés qui viennent au plus proche du sud de l’Ontario. Or rien n’est plus faux! Son nom d’origine grecque nous laisse penser que c’est un fruit grec. Mais, ce n’est pas le cas, non plus. C’est Alexandre qui l’a ramenée en Grèce, après sa conquête de la Perse (l’Irak actuelle), il y a 2330 ans. Le fruit cultivé en Chine depuis 4 000 ans avait été amené de Chine par les marchands perses. Un siècle avant notre ère, les Romains cultivaient des pêches et des nectarines dans leurs vergers. Lorsque les Romains firent la conquête de la Gaule, ils amenèrent des pêchers avec eux. C’est ainsi que leur culture grimpa vers le nord jusqu’où le climat le permettait, c’est-à-dire, les Charentes Maritimes d’où plusieurs de nos ancêtres sont originaires. Nos ancêtres français en ont donc apporté en Nouvelle-France où ils réussirent leur culture dans la région montréalaise. C’est Pehr Kalm et Foucault qui le confirment en 1749 et 1754. Les Sulpiciens en avaient dans leur verger sur le mont Royal, avant la conquête anglaise. Les Français en avait même apporté dans leurs villages fondés sur la route qui mène à Détroit, avant 1760. Les pêches d’Ontario sont effectivement d’origine française! Plusieurs jeunes gens de Trois-Rivières ont apporté des pêchers avec eux lorsqu’ils furent engagés par le gouverneur de la Nouvelle-France pour aller ouvrir le Magasin Royal de Fort Niagara, en 1719. La ferme du fort pouvait facilement nourrir 1 000 personnes avec son verger et son immense jardin. La production de pêches était assez importante pour en exporter à Québec même, où leur culture était impossible à cause des rigueurs de l’hiver. Le commandant Contrecoeur de Fort Niagara envoyait un canot plein de pêches, l’été 1753, au gouverneur Duquesne de Québec. Les Conquérants continuèrent d’envoyer des pêches à Québec, après 1760 puis que les fouilles archéologiques en ont trouvé des noyaux sur la Place Royale de Québec, jusqu’au XIXe siècle. Dans la région montréalaise, on cultivait beaucoup de pêches qu’on allait vendre au Marché Bon Secours. Au début du XX e siècle, on en mettait déjà en conserve pour les pensionnats et les hôpitaux du Québec. Varennes expédiait, chaque année, de 6000 à 7000 casses de pêches en conserve dans les marchés de Montréal et de Québec.
Quant aux nectarines, il faut d’abord savoir que ce fruit est une variante de la pêche. Ce sont des pêchers qui ont, un jour, produit des pêches sans duvet, avec des noyaux qui n’adhéraient pas à la pulpe du fruit, comme les pêches le font. Ce sont les Anglais qui ont baptisé ces pêches spéciales « nectarines » à partir du mot « nectar ». Les Français de l’époque les appelaient plutôt des « brugnons » comme ils le font toujours, d’ailleurs. La Quintinie, le jardinier de Versailles, en cultivait 33 variées en serre, à la fin du XVIIe siècle. Quelques familles riches de Québec en ont aussi fait la culture en serre, au XIXe siècle. En résumé, la pêche et la nectarine appartiennent à notre culture culinaire tout autant que la pomme.