Les bouillottes
Les bouillottes font partie des plats identitaires les plus importants de notre histoire culinaire. Le terme vient évidemment du mot français « bouillir » qui voulait dire « faire des bulles, en latin, le mot d’origine. Quand les coureurs des bois, les explorateurs et les missionnaires s’arrêtaient pour manger, après leurs longues randonnées en canot sur les lacs et les rivières canadiennes, ils mettaient la bouillotte au feu. Cela voulait dire qu’ils mettaient bouillir leurs aliments dans une chaudière avec une anse, au-dessus des flammes d’un feu de camp. La bouillotte variait au fil des jours ; elle comportait souvent le petit gibier qu’on avait attrapé mêlé au poisson pêché en cours de route. On lui ajoutait du maïs lessivé ou des pois secs, des légumes racines ou du riz qu’on trainait toujours avec soi. Parce que le plat comprenait presque toujours du poisson, le plat est devenu aujourd’hui, un plat de poisson. On a cependant gardé l’habitude, dans certaines familles souches de l’ile de Montréal, de la Rive-Nord et de la Rive-Sud, de mêler poisson et viande comme autrefois. La bouillotte au maillé de La Prairie se faisait toujours dans les années 1950, avant l’arrivée massive des banlieusards. La bouillotte authentique de Montréal comprend toujours du lard salé, du bœuf et du poulet avec les légumes du bouilli québécois (carottes, chou, haricots jaunes, pommes de terre, petits navets blancs, épis de maïs) et des poissons pêchés autour de Montréal (achigans, doré, brochet, crapets, barbottes, barbue). Les tomates et la crème étaient ajoutés au plat, au XXe siècle. Ailleurs au Québec, le terme comprend moins d’aliment et se limite à la présence de poisson, de pommes de terre et de tomates.