Les soupes aux herbes et au pain

Ces soupes sont parmi les plus significatives de notre ancienne société. Elles rappellent, pour certains d’entre nous qui les ont connues, les temps difficiles de pénurie alimentaire et d’autre part, le bonheur de pouvoir enfin manger de la verdure après un long hiver; ce sont des soupes associées au retour de l’été et à la Saint-Jean-Baptiste. Revenons aux temps difficiles : lorsqu’au début de la colonie, on dépendait encore énormément de l’approvisionnement français pour se nourrir, les bateaux en question étaient retardés par des tempêtes ou des vents contraires ou ils étaient attaqués et volés par des pirates. On devait alors se contenter de tout ce qui restait dans nos armoires de l’année précédente et faire appel aux denrées sauvages pour survivre. Les soupes au pain de gaudriole et aux herbes sauvages étaient alors courantes, dans nos maisons de Québec et de la Côte-de-Beaupré. Le pain de gaudriole était fait d’un mélange de céréales non panifiables comme l’avoine, le sarrasin, de farines de légumineuses comme les pois ou les gourganes et d’une farine panifiable comme le seigle et le blé. On l’appelait communément le pain noir. Cette pénurie alimentaire fut aussi vécue fréquemment par les premiers colons qui se sont installés dans les régions périphériques de la plaine du Saint-Laurent, du milieu du XIXe siècle au début du XXe, pour l'Abitibi et le Témiscamingue. Malgré ce passé négatif, la soupe au pain et aux herbes mérite encore sa place dans notre menu si on la fait avec un bon bouillon de viande maison. Voir les recettes de soupes aux herbes et au pain.