Les marrons ou les châtaignes

Ces noix ont été repérées au sud du lac Champlain et des Grands Lacs par les découvreurs français de l’Amérique, au début du XVIIe siècle. Champlain signale des châtaigniers le long de la rivière Richelieu en 1603. Sagard en parle dans son voyage aux Hurons, en 1623. L’abbé de Galinier qui a accompagné la Salle en direction du golfe du Mexique dit que les forts français disséminés le long du Mississipi en gardent toujours une vingtaine de minots. Bougainville dit, en 1757, qu’il y a des châtaigniers dans le jardin des Sulpiciens, à Montréal. Il est donc indéniable que des châtaignes locales ont été consommées au Québec, sous le Régime français. Les Iroquois, en particulier, en étaient de grands consommateurs; ils les consommaient en potages, en ragouts avec des haricots et des courges, ou en purée mélangée à d’autres légumes. Lorsque sont arrivées les pommes de terre, ils les mélangeaient avec de la purée de pommes de terre pour accompagner les outardes rôties, en automne. Les gens de la Montérégie faisaient d’ailleurs la même chose avec les oies domestiques. La tradition de farcir les oies avec des marrons se faisaient dans le Roussillon, au sud de Montréal, en particulier. Sous le Régime français, les voyageurs qui allaient en amont de Montréal vers les Grands Lacs en ramenaient toujours de grandes quantités pour leur famille.  Malheureusement, la tradition se perdit sous l’occupation anglaise. De plus, dès 1900, les châtaigniers étaient atteints du chancre. Tous les châtaigniers américains sont disparus de l’Amérique du Nord entre 1900 et 1940. Les scientifiques essaient de réhabiliter l’arbre en le croisant avec des châtaigniers japonais mais on est encore loin de l’époque où l’on cuisinera avec des châtaines, comme au temps de la Nouvelle-France.