La cuisine Waban-aki

Les Waban-Aki sont originaires de la Nouvelle-Angleterre. À l’arrivée des Européens, ils habitaient un vaste territoire s’étendant de la rivière Hudson, à l’ouest, à la rivière Saint-Jean, à l’est. Leur nom signifie « le peuple du soleil levant ».

Ce qui illustre bien qu’ils descendent d’ancêtres venus de l’Ouest, appelés les Delaware. Ce peuple lui-même est issu de la nation-mère algonquienne qui vivait à l’est de la baie Géorgienne et au nord du lac Ontario. La langue wabanaquise est donc apparentée à celle des 7 autres nations de même origine, au Québec, et à plusieurs autres, au sud et à l’ouest des États-Unis et du Canada. Lorsque les Français, les Anglais et les Hollandais sont débarqués en Nouvelle-Angleterre pour s’y installer, en 1604 et les années suivantes, les Waban-Aki étaient déjà divisés en plusieurs sous-groupes qui habitaient le long des rivières qui se jettent dans l’Atlantique-Nord. Ce sont d’ailleurs eux qui auraient donné naissance aux nations Mig-Maq et Malécite du Québec, des Provinces Maritimes et du Maine. Ce sont les Français qui les ont rencontrés, les premiers. Les missionnaires français les ont alors christianisés. Lorsque les Anglais ont chassé les Français de leur territoire pour s’y installer à leur place, la relation se détériora petit à petit parce que les Anglais occupèrent massivement leur territoire en tuant leur gibier et en consommant les plantes sauvages qui faisaient partie de leur régime alimentaire, comme les patates-en-chapelet. Les colons anglais ont de plus en plus pris possession de leurs terres agricoles, dans leurs villages, le long de leurs rivières. Les premiers Abénaquis s’installèrent à Sillery, en 1676. Le traité d’Utrecht de 1713 les déposséda de leurs terres. Ils s’en plaignirent à leurs missionnaires français qui demandèrent au gouverneur de la Nouvelle-France, de les accueillir chez eux. C’est ainsi que plusieurs familles abénaquises sont déménagées au Québec, pour s’installer sur les rives de la rivière Chaudière, en face de Québec, puis à l’embouchure de la rivière Saint-François et de la rivière Deschambault, où ils sont toujours présents, aujourd’hui.

Les Waban-Aki ont été initiés à l’agriculture par les peuples agriculteurs montés du Mexique par le fleuve Mississippi, tout comme les peuples de langue iroquoïenne autour des Grands Lacs. Le climat de la Nouvelle-Angleterre leur permit de pratiquer la culture du maïs, des haricots et des courges sur une grande échelle. Ils vendaient leurs surplus de maïs aux autochtones de langue algonquienne du Québec, qui vivaient dans la forêt boréale et qui ne pratiquaient pas l’agriculture.

Leur cuisine associait donc les denrées sauvages aux denrées cultivées. Ce qui distinguait le plus leur cuisine de celles des peuples iroquoïens, c’est l’association des légumes et du maïs-céréale au gibier plutôt qu’au poisson, comme chez les peuples iroquoïens. Très rapidement, la cuisine française de Québec fut influencée par les cuisines huronne et abénaquise de Québec. Les colons français de la région de Québec avaient de nombreux échanges culinaires avec eux au point que ces autochtones et les Français commencèrent à mélanger de plus en plus leurs habitudes alimentaires et leurs aliments, au niveau du quotidien. Les fèves au lard au gibier, les soupes au lait et aux maïs, ou aux haricots rouges ou aux courges, sont nées à cette époque. De plus, les Abénaquis ont initié les gens du Centre du Québec à plusieurs aliments américains avant même que les Franco-Québécois le fassent. Je pense, en particulier, aux tomates et aux cerises de terre. Voici quelques exemples de plats abénaquis donnés en exemple par Madame Nicole O’Bomsawin, ancienne directrice du musée d'Odanak.

On se référera aussi au livre de recettes Nd’adbokwa Je cuisine paru au printemps 2017, sous l’initiative de Madame Raymonde Nolett, éducatrice pour le programme d’aide préscolaire aux Premières Nations et coordinatrice du projet Avenir d’enfants au centre de santé d’Odanak.

Recettes waban-aki :

Bannique aux graines de tournesol

Esturgeon fumé

Fricassée de pommes de terre au chou-gras

Maïs aux tomates

Omelette aux têtes de fougères

Outarde bouillie et épaissie au gruau d’avoine

Pâtes aux têtes de fougères et écrevisses du lac Saint-Pierre

Ragout de gibier aux grands-pères (lièvre, lynx, rat musqué, perdrix, wapiti)

Rôti de gibier aux pommes ou pruneaux et patates brunes

Soupe au Maïs et au lait

Soupe au maïs et pommes de terre

Soupe au maïs lessivé avec du lait, du beurre et du sucre d’érable

Topinambours au beurre

Truite de ruisseau aux bleuets