Les pâtés chinois au boeuf haché cru ou cuit
Le pâté chinois défini par les Montréalais et, aujourd’hui, l’ensemble des Québécois a une origine incertaine sur laquelle les historiens de la cuisine québécoise sont toujours dans des hypothèses. On a dit que le pâté avait été inventé par les cuisiniers chinois qui ont travaillé sur les voies ferrées en construction, en provenance de l’Ouest canadien. On a dit que le pâté était né dans un petit village du Maine où les Québécois étaient allé travailler. J’ai personnellement émis mes hypothèses sur le nom du pâté lui-même. Mais, aujourd’hui, il y a de nouvelles informations qui viennent s’ajouter aux premières et donner une explication très plausible. Il est indéniable que le pâté chinois est un plat qui descend du célèbre shepherd’s pie irlandais. Le plat était à l’origine un véritable pâté fait avec de la pâte à tarte, comme tous les « pie » des Iles Britanniques. Mais lorsque les riches propriétaires anglais de l’Irlande ont réquisitionné toutes les récoltes de blé du pays, les paysans n’ont pas eu le choix de se tourner vers les pommes de terre pour survivre. Une ménagère inconnue eut l’idée de remplacer la pâte par de la purée de pommes de terre. J’ai raconté dans l’article sur le pâté chinois à l’agneau, l’origine réelle du shepherd’s pie. Le plat s’est répandu, dès la fin du XVIIIe siècle, dans toutes les iles Britanniques et en Nouvelle-Angleterre. Les Québécois l’ont donc connu en allant travailler aux États-Unis dès 1840. Mais il s’agissait alors du pâté chinois fait avec des restes de viande cuite et de l’oignon rôti, sans maïs. Lorsque les coureurs des bois québécois sont allés travailler dans l’Ouest canadien et américain pour la compagnie de la Baie d’Hudson, ils ont côtoyé de nombreux Britanniques qui faisaient le même métier qu’eux. Ces coureurs de bois auraient chassé ensemble le bison pour se nourrir et auraient inventé une première version du pâté chinois montréalais, tel que je l’ai vu noté dans les archives d’une auberge du Missouri. Les Québécois trainaient toujours avec eux du blé d’Inde lessivé qu’ils mettaient dans leur soupe aux pois ou leur ragout de gibier. Ils auraient eu l’idée de remplacer les légumes de l’Irish stew par ce même maïs lessivé dans le shepherd’s pie. Et les restes de viande étaient remplacés par du bison cru que l’on faisait rôtir dans la poêle de fonte. Les coureurs des bois auraient ramené la nouvelle recette à Montréal où l’on aurait remplacé le bison par le bœuf et le blé d’Inde lessivé par du maïs frais ou en crème. Lorsque l’on s’est mis à mettre du maïs en conserve pour les militaires, lors de la Première Guerre mondiale, les Montréalais ont adopté le maïs en conserve pour faire désormais le pâté chinois en tout temps. Et le plat s’est répandu partout au Québec grâce aux gens des campagnes venus s’installer à Montréal qui allaient visiter leurs parents à l’occasion des vacances des Fêtes ou de l’été. Le premier maïs a été mis en conserve métallique en Ontario, en 1882. Consulter nos recettes de pâté chinois avec du bœuf haché cru ou des restes de bœuf haché cuit passés au hache-viande.