Les fraises de jardin
Nos fraises de jardin ont une longue histoire : elles sont la combinaison de variétés locales et d’une grosse fraise originaire du Chili. Mais la culture des fraises a commencé, 1000 ans avant J.C., dans la région de Rome. Dans l’Antiquité gréco-latine, on en plantait toujours. À la Renaissance, des jardiniers hollandais réussissaient à faire grossir une fraise sauvage nommée fragaria vesca. Les jardiniers de Louis XIV cultivaient cette fraise hollandaise au moment où l’un de ses espions envoyés en Amérique du Sud pour y voir les conquêtes que les Espagnols avaient faites là-bas, trouva une magnifique grosse fraise, beaucoup plus grosse que celles d’Europe, que deux nations chiliennes cultivaient depuis longtemps pour se faire des sauces et de l’alcool de fraise. Cet espion portait un nom prédestiné puisqu’il s’appelait Amédée François Frézier! Par la suite, des plants chiliens furent amenés en Bretagne où des pêcheurs avaient jadis ramené des Maritimes des plants de fraises américaines. (fragaria virginiana). Les jardiniers bretons de Plougastel hybridèrent les 2 fraisiers américains pour créer la première fraise de jardin que nous connaissons. (fragaria var. ananassa). Les 600 variétés de fraises que l’on rencontre aujourd’hui, dans le monde, sont issues de cette première grosse fraise française et de centaines de variétés locales, sur la plupart des continents. Chez nous, des agronomes de Québec ont croisé la fragaria var. ananassa avec la fragaria vesca québécoise, plus résistante au froid, à l’ile d’Orléans, en 1860. On commença la culture des fraises sur la Côte de Beaupré, à l’Ange-Gardien, en 1880. En 1914, on en plantait en Gaspésie. C’est à ce moment-là qu’on a commencé à se faire des confitures de fraises de jardin, un peu partout au Québec. Dans le Bas-Saint-Laurent et sur la Côte-du-Sud, on en faisait de grandes quantités qu’on vendait dans les chantiers de la Côte-Nord. Dans les années 1920, on copiait le premier short cake aux fraises américain qui était mangé chaud : on réchauffait des fraises mélangées à un peu de sucre qu’on mettait dans le short cake coupé en 2 galettes et sur le dessus. Plus tard, les écoles d’art ménager initieraient les jeunes filles au short cake froid, garni de crème fouettée et de fraises fraiches. Certains prétendent que ce short cake serait une création québécoise inventée par les religieuses enseignantes de la pâtisserie. Mais la version froide existe aussi aux États-Unis. Il est donc difficile d’attribuer la création de ce nouveau short cake aux fraises. On lira mon 4e volume, Histoire de la cuisine familiale du Québec, la plaine du Saint-Laurent et les produits de la ferme traditionnelle, de la page 643 à 649, pour plus de détails.