Les carottes

Notre carotte poussait en Afghanistan, il y a 5 000 ans. Ce sont les peuples de langue indo-européenne qui l’ont amenée en Europe, lors de leurs migrations successives vers l’Ouest. Il y a 3000 ans, les Celtes les plantaient dans le nord-ouest de la France où ils commençaient à s’installer. Cette carotte asiatique se serait croisée avec d’autres espèces de carottes déjà présentes en Europe. Mais la plupart des carottes que nous connaissons actuellement, de couleur orange et de forme conique ou cylindrique, sont originaires des Pays-Bas. Ce sont des jardiniers hollandais, descendants d’Huguenots français,  qui les ont travaillées pour obtenir la couleur orange afin de se rappeler la Maison Orange qui avait installé la religion protestante dans le sud de la France. – On se rappellera que les Huguenots ont dû fuir la France lors des guerres de religion entre les catholiques et les protestants, au XVIe siècle. Ils se sont réfugiés, entres autres, en Hollande. Cette nouvelle carotte orange s’est finalement imposée partout dans le monde, entre le XVIIe et le XIXe siècle. Mais la carotte était un légume de pauvre et de gens ordinaires par opposition à un légume fruit qui poussait en hauteur. On considérait tous les légumes-racines comme les légumes de la Basse-Classe et des paysans. Les nobles de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance ne l’appelaient jamais par son nom; elles portaient le nom générique de racines, donc de légumes vulgaires, sans statut social. Elle est mentionnée par Pierre Boucher, dès 1664. À l’époque, on mangeait la carotte surtout en bouilli de légumes, en soupe avec du riz, dans les ragouts et les braisés de viande ou de poisson.  Les jours maigres, les Français l’associaient au lait en sauce blanche ou en soupe. Les Anglais, de leur côté, traitaient la carotte comme un légume et un fruit. Ils en faisaient des tartes, des gâteaux, des poudings et même des confitures. Nos ancêtres français du XIXe siècle en râpaient souvent pour faire des salades en combinaison avec le chou, le panais, le navet ou les betteraves. On en saura plus en consultant mon 4e volume Histoire de la cuisine familiale du Québec, la plaine du Saint-Laurent et les produits de la ferme traditionnelle., de la page 527 à 538.