Les pois secs

Les pois sont les légumes les plus anciens du monde. Les hommes préhistoriques du Moyen-Orient les ramassaient déjà à l’état sauvage à côté des grains de blé, d’orge et d’avoine. Ils étaient déjà cultivés, il y a 8 000 ans, à Jéricho, au Proche-Orient. Leur culture s’est répandue dans tout le pourtour de la Méditerranée jusqu’en Inde et en Scandinavie. Ils se conservaient, au sec, des dizaines d’années. D’où leur popularité chez tous les peuples de l’hémisphère nord qui s’en nourrissaient lors des longs hivers. Nos ancêtres celtes, puis leurs descendants gaulois, en étaient friands. Les classes laborieuses romaines s’en nourrissaient pratiquement tous les jours. Au Moyen Âge, dans le Nord-Ouest de la France, les pois faisaient partie du menu hebdomadaire, sinon quotidien, chez les paysans. On les mangeait surtout en soupe ou en purée pour accompagner les viandes rôties lorsqu’il n’y avait plus de légumes-racines et de chou dans les caveaux. Les peuples germains, en particulier les Vikings et les Francs, commencèrent à les consommer vers l’an 800, au moment de leur contact avec les Celtes et les Romains. Leurs descendants scandinaves et néerlandais en sont particulièrement amateurs. L’engouement pour les pois s’est principalement répandu sous le règne de Charlemagne qui obligeait les paysans de son royaume à en semer une bonne quantité, chaque année, afin de parer aux nombreuses périodes de pénurie alimentaire de l’époque. Les premiers navires au long cours en firent leur nourriture de base car ils étaient rentables et de bonne conservation pendant les longs mois que duraient les voyages d’exploration planétaire. Cette qualité fondamentale des pois secs fit en sorte qu’ils devinrent un aliment marqueur identitaire important de la cuisine québécoise. Toutes nos archives et tous nos témoignages oraux parlent de l’importance des pois dans notre histoire culinaire, en combinaison avec la farine de blé. Pour de plus amples renseignements sur cet aliment identitaire, voir mon 4^ième Volume Histoire de la cuisine familiale du Québec, La plaine du Saint-Laurent et les produits de la ferme traditionnelle, de la page 434 à 444.