Les suçons et sucres d'orge

Les sucres d’orge et les suçons ont une origine fascinante. Disons tout de suite qu’ils sont nés en France, à Moret-sur-Loing, en 1638, dans un monastère de religieuses qui avaient pour mission de servir culinairement parlant, les moines d’un monastère. Les moines étaient soumis au silence à l’heure des repas. L’un d’entre eux devait leur faire la lecture d’un livre édifiant. Mais, comme il fallait qu’il s’exprime fort pour être entendu, et qu’il lise au moins pendant une heure, il arrivait qu’il avait mal à la gorge. Les religieuses eurent l’idée de prévenir les maux de gorge des moines lecteurs en leur fabriquant, à l’origine, un bâton de sucre de canne brûlé aromatisé avec une décoction d’orge perlé. Pour empêcher la cristallisation du sucre, elles ajoutaient un peu de vinaigre au sucre de canne qui cuisait jusqu’au temps où une goutte de sirop déposé dans un verre d’eau froide donne une boule dure et cassante. Comme le bâton en question devenait collant, les religieuses eurent l’idée désormais de le remplacer par un bâton sur lequel elle verserait le sucre d’orge. Le moine lichait le sucre de temps en temps, à mesure qu’il lisait. L’idée se répandit partout dans le monde, en particulier en Angleterre où le sucre a toujours eu beaucoup de place dans l’alimentation et devint une friandise plutôt qu’un remède. Les Hospitalières de Québec faisaient aussi des sucres d’orge médicamenteux pour leurs patients. Le sucre, au XVIIe siècle, était considéré comme un remède et non comme un aliment mauvais pour la santé, comme aujourd’hui.