Les bonbons

Les sucreries remontent à l’Antiquité et appartiennent aux nations qui ont découvert le miel et toutes les sortes de sucre naturel issus de la canne à sucre, de la betterave, du stévia ou de fruits exotiques comme la mangue ou la banane. L’attirance pour le sucre est sans doute une réminiscence atavique du gout sucré qu’a le lait maternel humain. Le gout sucré est la première perception que l’être humain a, en suçant le lait maternel. On comprend ainsi plus facilement l’excitation des enfants et de certains adultes pour les choses sucrées, dont les bonbons. L’histoire culinaire de nos fondateurs nous montre que ce sont les Anglais qui avaient la dent la plus sucrée de nos ancêtres. Ce sont eux qui nous ont donné le plus de desserts pas compliqués et quotidiens. Ce sont eux qui ont inventé les bonbons les plus réputés dans le monde. Mais ce qu’on ne sait pas, c’est que le gout pour le sucre était le plus fort chez les Vikings qui ont colonisé la région de York, vers l’an 1 000. Ces derniers pouvaient manger une demi-livre de miel, par personne, par jour ! Ce qui nous apparait énorme, aujourd’hui. Les Angles, les Saxons et les Vikings ont converti les Celtes et les Romains établis en Angleterre à la religion du sucre au point que les livres de recettes anglais commencent toujours par les desserts et les friandises. Les familles québécoises d’origine anglaise  ont initié la majorité franco-québécoise à la fabrication de plusieurs types de bonbons-maison comme les bonbons aux patates, les sucres d’orge, les bonbons anglais, les bull's eyes, les cannes de Noël, etc. Les bonbons français sont arrivés après l’installation des Français au Québec, avec la première vague d’immigrants français après la Conquête, au milieu et à la fin du XIXe siècle. C’est à ce moment-là qu’on a appris à faire du fondant aromatisé aux essences de l’époque, et parfois enrobé de chocolat. On les appelait des bonbons français. Enfin, il est intéressant de se rappeler aussi, que dans mon enfance, des bonbons se disaient « des nanan ». Or, ce mot « nanan » nous venait des nations de langue algonquienne qui appelaient leurs petits fruits sucrés des « nanan ». Les enfants autochtones en demandaient aux missionnaires et aux religieuses qui leur en donnaient pour les attirer à eux. On connait tous l’histoire de Marguerite Bourgeois qui partit la tradition de la tire à la mélasse, pour attirer les enfants autochtones vivant dans Ville-Marie pour leur donner des leçons de français et de catéchisme. On connait malheureusement aussi, aujourd’hui, l’exploitation sexuelle que certains de ces missionnaires ont fait de ces enfants, à cause des bonbons ! Et l’on reconnait une certaine sagesse de l’Église catholique de l’époque qui défendait la consommation des bonbons pendant les périodes importantes de jeune, pendant l’année. Les bonbons étaient réservés au dimanche et aux moments des fêtes annuelles du Premier de l’An, du Mardi Gras et de la Mi-Carême. Le rejet contemporain de cette sagesse, repris par les nouveaux et nouvelles missionnaires de la santé, a bien de la difficulté à convaincre la population de manger moins de bonbons et de sucre !