Les gâteaux anciens
Le gâteau québécois le plus ancien est le gâteau ou pain de Savoie. Ce gâteau se faisait au temps de la Nouvelle-France, lors des mariages ou des grandes fêtes de l’été. Certaines familles en faisaient aussi dans le temps des Fêtes du Premier de l’An quand elles avaient pris le soin de ramasser assez d’œufs pour le faire. -- On se rappellera que les poules ne pondent pas d’œufs en hiver et qu’il faut donc les ramasser avant la fin d’octobre quand les jours raccourcissent. – C’est qu’à l’époque il fallait beaucoup d’œufs pour faire lever un gâteau, la poudre à pâte et le bicarbonate de soude n’existant pas encore. De plus, le sucre blanc était cher et rare. Le gâteau de Savoie que ma grand-mère appelait plutôt un pain de Savoie était, en fait, né en 1358, en Savoie qui n’appartenait pas encore à la France, à Chambéry, lors de la réception du roi Charles IV de Luxembourg, donnée par le comte de Savoie, Amédée VI. Le cuisinier du compte créa ce gâteau très léger en séparant les jaunes des blancs d’œuf pour le rendre plus léger. Ce gâteau est à l’origine de la gênoise, gâteau de base de la pâtisserie française. Par la suite, lorsque les colons loyalistes et anglais se sont installés au Québec au début du XIXe siècle, après les Guerres napoléonniennes, on se mit à faire des gâteaux à chaque semaine. On les faisait en mélangeant du vin ou du vinaigre avec de la perlasse pour faire lever la pâte. Et l’on mettait de l’eau de rose ou des épices puissantes pour faire disparaître le gout un peu bizarre que produisait la rencontre, dans la pâte, de l’acicidité du vin et de la perlasse. La perlasse était faite maison avec de la cendre de bois dur que l’on faisait bouillir longtemps dans un gros baril de métal noir, derrière les maisons. À la fin de la cuisson, cela donnait une poudre blanche semblable au bicarbonate de soude que l’on connait aujourd’hui. Lorsque l’on a rationné les denrées des gens, lors de la dernière guerre mondiale, le gouvernement a donné des recettes de gâteau sans œufs et très économiques que beaucoup de familles ont adoptées et se sont transmises par la suite. Ces gêteaux économiques font aussi partie de l’histoire des anciens gâteaux.