Le gingembre frais

Nous connaissons le gingembre séché et moulu depuis le XVII e siècle. Les Relations des Jésuites du 22 octobre 1665 mentionnent que les Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Québec ont besoin de 6 livres de gingembre moulu pour faire leurs sirops et leurs mélanges médicamenteux. Elles s’en gardaient évidemment pour leurs pains d’épices qu’elles faisaient chaque Premier de l’An. On pouvait aussi en acheter chez les marchands de la Place Royale. Les artisans et les fermiers aisés s’en procuraient spécialement pour parfumer leurs ragouts et charcuteries traditionnelles du temps des Fêtes. Les biscuits à la mélasse présents à la fin du XVIIe siècle en contenaient d’office. Mais, avec l’arrivée des Britanniques au milieu du XVIIIe siècle, le gingembre va grandir en popularité. On fera de la bière au gingembre et une boisson très désaltérante pour les travailleurs qui font les foins : on l’appelle le breuvage de la récolte. Mais le gingembre frais apparaîtra au début du XXe siècle, dans le quartier chinois. On y goutera d’abord dans les restaurants chinois ouverts dans toutes les villes du Québec, puis on pourra se le procurer dans les épiceries au moment où les Québécoises voudront faire leurs propres mets chinois, à partir de la fin des années 1950.