La cuisine des Mi'gmaq
La nation mi’gmaq est une descendante des anciens Algonquiens qui habitaient le nord du Lac Ontario, il y a au moins 3 000 ans. Les Algonquiens d’origine se sont répandus partout en Amérique pour créer, avec les siècles, des nations différentes avec une langue et une culture différente en relation avec le climat et les garde-manger locaux. L’un des groupes algonquiens d’origine poursuivit, à l’époque, les bisons des bois qui étaient des bêtes très rentables pour les nourrir. C’est ainsi qu’ils parvinrent sur la Côte atlantique où leurs descendants s’établirent aux différentes embouchures des rivières qui dévalaient des Appalaches vers la mer. Ce sont ces groupes que les pêcheurs européens découvrirent, à la fin du XVe siècle. Les Anthropologues disent que les Mi’gmaq descendraient des Delaware, habitants de l’état américain du même nom. Ce peuple serait à l’origine de toutes les nations de langue algonquienne de la Nouvelle-Angleterre et du Nord-Est des États-Unis. Au moment où les Britanniques débarquèrent sur leur territoire, ces nations pratiquaient l’agriculture partout où le climat leur permettait de rendre du maïs à terme. Les Mi’gmaq sont les descendants qui colonisèrent les régions le plus à l’est de la Côte Atlantique, soit les Provinces maritimes canadiennes, la péninsule gaspésienne et les Iles-de-la-Madeleine appartenant au Québec. Ils poussèrent même quelques pointes sur la Côte-Nord du Fleuve où ils fondèrent les villages d’Essipit (les Escoumins) et de Chischedec (Sept-Iles). On les trouve même sur la Côte-Ouest de Terre-Neuve où ils s’établirent avant l’arrivée des Français. Les missionnaires français parlèrent d’eux au XVII e siècle : Le récollet Chrétien Le Clercq les décrit en 1691. Et les Jésuites les appelaient les Souricois; ils les distinguaient des Etchemins, aujourd’hui appelés les Malécites. Dans les faits, les Malécites sont des descendants des Mi’gmaq. Au moment où Jacques-Cartier les rencontra dans la Baie-des-Chaleurs, les Mi’gmaq ne pratiquaient plus l’agriculture. Ils vivaient de mammifères marins, de coquillages, de poissons de mer et d’eau douce, de petit et gros gibier en hiver (caribou, ours, orignal). Ayant connu l’agriculture, ils consommaient plus de plantes que leurs cousins de langue algonquienne du Nord. Les patates en chapelet, les algues et les plantes de grève faisaient partie de leur menu estival. C’est Lescarbot qui nous révèle cela, en 1612 : « En cette disette, on eut avis de quelques racines que les sauvages mangent au besoin, lesquelles sont bonnes comme truffes. »Les missionnaires ont aussi raconté que les Mi’gmaq venaient chasser, en hiver, jusque dans l’estuaire du Saint-Laurent; ce sont les phoques qui les attiraient là.
Enfin leurs nombreux contacts hâtifs avec les Basques et les pêcheurs normands et bretons provoquèrent de nombreux échanges culinaires. Les Mi’gmaqs furent les premiers à adopter, pour leur menu hebdomadaire, les denrées et les recettes françaises. En 1632, Nicolas Denys raconte que les Micmacs avaient largement adopté le pain de blé, le sel, les biscuits de mer et l’alcool. Plusieurs femmes micmaques épousèrent des marins-pêcheurs normands de sorte que la cuisine normande fit bien sa place chez eux. Les herbes aromatiques laissées par les pêcheurs français qui les laissaient sur les grèves à leur retour en France furent adoptées par les Micmacs dans leur cuisine. On trouve surtout la sarriette et la sauge dans les recettes traditionnelles.
Je vous donne maintenant des exemples de plats issus des différentes communautés mi’gmaques de la Gaspésie, de différentes époques : Listuguj (Restigouche), Gespeg (Gaspé) et Gesgapegiag.
Boudin d’orignal ou de caribou
Bouilli de baleine au chou et navets
Bouilli de bélouga aux herbes et légumes
Bouilli de jambon de bélouga
Bouilli de lièvre aux légumes d’hiver (apli’kmujuey)
Castor, ours ou orignal fumé en lèches fines
Cipaille à l’orignal
Cipaille au lièvre et au porc-épic
Civet de lièvre et de perdrix avec huitres pochées
Civet de loup-marin
Dagonigade (clam bake aux palourdes, maïs et poulet ou canard sauvage)
Fesse d’ours marinée et grillée (ul’n etoctasit)
Filets de poisson avec une sauce aux coquillages (gigo pindig nabo)
Gâteau aux pommes sauvages de la sauvagesse
Gigos (croquettes de saumon à la farine de maïs ou purée de pommes de terre)
Gopitsgaie : panse de castor farcie et fumée, puis bouillie longtemps
Homard sur une salade d’herbes sauvages
Loup-marin braisé au lard salé
Loup-marin braisé aux légumes
Macaroni micmac aux coquillages
Moelle d’orignal ou de caribou sur banique chaude
Omble chevalier fumé
Outarde au blé d’Inde lessivé
Pain à la farine de quenouille (lu’sknikn)
Potage de saumon à la purée de pommes de terre et fleurs de moutarde sauvage
Ragout de siffleux ou marmotte (mnumkweil)
Rôti de baleine au four
Rôti de loup-marin, porc et oiseau de mer au four
Sea Pie aux coques
Sea Pie aux coques et palourdes
Sgmugualaw esamqwat (boisson à la gomme d’épinette et miel sauvage)
Soupe aux coques ou palourdes aux herbes des grèves et menthe sauvage
Soupe aux huitres rouges de Listuguj (miskwessabo)
Steak de baleine
Steak de loup-marin
Soupe aux légumes amérindiens
Soupe aux légumes et aux crevettes (kitchigami nabo)
Soupe d’orignal à l’orge et au navet
Soupe micmac aux coquillages et à la bannique (Mi’gmaq kiniginige)
Truite de mer dans sa gelée avec une salade