La dinde
Saviez vous que le mot dinde est un diminutif de coq d’Inde ou poule d’Inde? Les Québécois connaissent bien le mot « co-d’inde » qui veut dire imbécile, naïf, « pas brillant ». Or c’est bien le coq d’Inde qui est à l’origine de cette expression. L’expression similaire prendre une fille « pour une dinde » a la même portée. Tout ceci n’est pas très flatteur pour l’animal. Pourtant, la volaille en question est appréciée de la très grande majorité des gens puisqu’on la sert très souvent dans les grands repas festifs où il n’y a qu’une viande. Ce sont les Espagnols qui ont amené l’animal américain en Europe, à la fin du XVe siècle. Au siècle suivant, le dindon faisait déjà partie de presque toutes les basses-cours européennes, y compris celles de nos ancêtres du nord-ouest de la France. C’est pourquoi ils ont apporté des dindes au Québec, dès le début du XVII e siècle. Le gouverneur de la colonie en donnait en cadeau aux pères Jésuites, le premier de l’An 1648. Les fouilles archéologiques des premiers postes de traite québécois révèlent qu’on en élevait même dans ces lieux éloignés de Québec. L’élevage augmenta au XIXe siècle lorsque la région de Charlevoix s’est mise à élever de la dinde pour les New-Yorkais, à l’occasion du Thanksgiving Day et du temps des Fêtes. En 1885, la dinde ordinaire se vendait 1.00$ pièce alors que la dinde engraissée se vendait 1.50$. Plusieurs éleveurs étaient réputés pour la qualité de leur dinde, en particulier les Irlandais de Val-Cartier, au nord de Québec. La dinde a fini par remplacer l’oie, à l’occasion du réveillon de Noël ou lors du diner du Premier de l’An. La dinde avec la gelée d’atocas est une association tout à fait américaine que nous avons copiée autour des années 1954, avec l’arrivée de la télévision et de ses messages publicitaires. On lira ce que j'ai écrit de l’histoire de la dinde dans mon 4e volume l’Histoire de la cuisine familiale du Québec, la plaine du Saint-Laurent et les produits de la ferme traditionnelle, de la page 905 à la page 914.