L'aiglefin

L’aiglefin est un poisson de fond québécois qui appartient plus à notre histoire qu’on le pense. En effet, des archéologues ont trouvé des résidus d’aiglefin consommé par un autochtone, dans une grotte à l’embouchure du Saguenay, qui dateraient d’au moins 400 ans, donc de l’époque de Jacques Cartier. Ces résidus étaient à côté d’un squelette d’Innu ou de Naskapi. On le pêchait beaucoup aux iles de la Madeleine, dans les années 1870 et les gens s’ en nourrissaient même plus que la morue qui, elle, était plutôt vendue salée. On en vendait cependant aux gens de la Nouvelle-Écosse qui en étaient très friands. C’est pourquoi beaucoup de recettes d’aiglefin nous viennent de la culture culinaire des Écossais. Les Anglais l’aimaient beaucoup, aussi, puisqu’on a trouvé des traces d’aiglefin dans des fouilles archéologiques pratiquées dans la région de York, colonisée, entre autres, par les Vikings, puis les Normands. À la fin du XIXe siècle, on en vendait du congelé, un peu partout au Québec. Des archives de Roberval, au Lac-Saint-Jean, précisent que l’aiglefin congelé se vendait 0.05 cents, la livre, en 1890. Aujourd’hui, l’aiglefin est plutôt pêché au large de nos côtes, dans l’Atlantique. Mais il est très accessible et très apprécié des Québécois pour sa chair floconneuse. Voir l’article sur l’aiglefin dans mon 2e volume consacré à la mer, Histoire de la cuisine familiale du Québec, la mer : ses régions et ses produits., de la page 373 à 375.