Les lentilles
Les lentilles étaient présentes à Jéricho, il y a 11 000 ans. Elles ont fait leur chemin après le début de l’agriculture au Moyen Orient et en Europe. Les premières lentilles mentionnées dans la Bible étaient rouge corail. Puis, par sélection successive, on finit par créer plusieurs variétés et couleurs : on connait, aujourd’hui, les lentilles blondes, vertes, brunes, bleu-vert et grises de différentes grosseurs. On les connaissait bien à l’époque de Charlemagne qui obligeait ses paysans à semer des légumineuses pour lutter contre les nombreuses pénuries alimentaires causées par le mauvais climat, les maladies fongiques ou les insectes. On semait des lentilles brunes ou vertes. Nos ancêtres français les ont apportées au Québec où on les a semées à l’ile d’Orléans, en premier. Pierre Boucher, en 1664, écrivait aux Français qui pensaient venir s’établir au Québec : «Les lentilles, l’avoine et le miel y viennent parfaitement bien». Mais c’est en Montérégie et dans la grande région de Montréal qu’elles ont eu le plus de succès, en particulier sur l’ile des Sœurs, au XVIIe siècle. C’est d’ailleurs dans l’ouest du Québec que j’ai récolté le plus de recettes de soupes aux lentilles. Les cultivateurs semaient en alternance, des pois secs, des pois chiches ou des lentilles pour enrichir la terre, en alternance avec le blé qui est une culture exigeante. Les lentilles sont donc devenues un aliment identitaire du sud-ouest du Québec où on les consomme surtout en soupe et en salade. Dans les années 1970, avec la révolution hippie, elles ont pris du galon; elles remplaçaient la viande dans la cuisine végétarienne québécoise. On s’est mis à faire des pâtés aux lentilles plutôt que des pâtés ou des tourtières à la viande, et des sauces à spaghetti avec des lentilles plutôt qu’avec du bœuf haché. On consultera, pour plus de détails, mon 4 e volume, Histoire de la cuisine familiale du Québec, la plaine du Saint-Laurent et les produits de la ferme traditionnelle, de la page 680 à 684.