Les soupes de poisson aux pommes de terre
La plupart de nos soupes de poisson contemporaines comprennent des pommes de terre en dés, du céleri, des carottes et du lait. Mais au XIXe siècle, à partir du mois de janvier, il ne restait plus beaucoup de légumes dans le caveau aux légumes ; les vaches ne produisaient plus de lait de sorte qu’on était limité aux oignons et aux pommes de terre de même qu’aux herbes salées. C’est pourquoi beaucoup de soupes de poisson d’hiver étaient faites avec ces aliments seulement et tenaient lieu de repas complet. On les faisait avec du poisson salé qu’on conservait dans des barils ou du poisson frais qu’on pêchait sous la glace comme les poissons des chenaux, la petite truite, l’éperlan de lac, la loche de lac ou l’ogac, sur la Côte-Nord. C’est la morue salée qui était le poisson le plus souvent utilisé dans les villes où l’on n’avait pas à accès à un cours d’eau facilement. Plusieurs ainés m’ont raconté qu’on mangeait ces soupes dans les pensionnats ou les couvents qui gardaient des élèves pensionnaires. Dans Charlevoix et dans le Haut-Saint-Laurent, à la fin du XIXe siècle, on s’est mis à ajouter des tomates en conserve à ces soupes de pommes de terre. On les appelait des « quiounes » ou des « biounes » ou des « bouillottes », selon les villages.