Le beurre
Le beurre appartient à notre héritage normand. Lorsque les Vikings se sont installés sur les rives de la Seine, en 911, et dans l’estuaire de la Loire, en 916, après plusieurs tentatives d’invasion des côtes françaises, ils amenèrent leur culture culinaire reposant beaucoup sur l’élevage du bœuf et les produits laitiers. Le beurre était leur principal corps gras. Il s’ajouta au gras de porc qui dominait la culture celtique de toute la Gaule. Ce gras devint, dans chaque famille, le gras de luxe qu’on gardait pour le dimanche et la visite alors que le gras de porc s’utilisait au quotidien. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, chaque famille québécoise faisait son beurre dans une baratte en bois destinée à cet usage. On faisait le beurre à la fin de l’été, avant que les vaches arrêtent leur production laitière. Et on l’entreposait dans de l’eau salée pour ne pas le perdre jusqu’aux premiers gels. Mais lors de la crise du blé et de l’installation des beurreries de village, on a arrêté de faire du beurre; on l’acheta désormais à la beurrerie du village. Ce beurre était d’ailleurs fait avec le lait qu’on allait porter, ou que nos voisins allaient porter, tous les matins, à la beurrerie. Étant donné qu’il était plus cher qu’avant, on le ménageait en le réservant au dimanche ou à la visite. On faisait cependant des exceptions quand on faisait du pain frais qu’on aimait toujours tartiner de beurre. Et plusieurs aimaient transgresser la règle, au désespoir de la mère qui se retrouvait sans beurre pour faire son sucre à la crème du dimanche!