Cuisine des Iles-de-la-Madeleine

Les îles partagent un univers culturel semblable à celui de la Gaspésie et de la Côte-Nord à cause de ses fondateurs et de son environnement maritime mais leur situation géographique en plein milieu du golfe, crée une cuisine distincte qu’on commence à connaître. C’est l’alliance de la nature et des cultures culinaires qui fondent une cuisine régionale.

Les garde-manger des iles de la Madeleine :

1. La mer : le plus important dans l’histoire des iles.

- 18 poissons dont les plus utilisés dans les recettes sont par ordre décroissant, la morue fraiche, le flétan atlantique, le maquereau, la plie, suivis par l’anguille, le hareng, le sébaste et l’aiglefin.

- 12 fruits de mer dont les plus populaires sont, par ordre décroissant d’utilisation, le homard, les moules, les pétoncles, les palourdes (clams, mactres), le crabe et les coques (myes).

- Le phoque du Groenland, surnommé cœur par les chasseurs des iles, et dont la chair et l’huile sont les plus consommés, au Québec.

- 7 oiseaux marins ou de passages  dont les plus cuisinés sont l’eider et l’outarde.

- 3 herbes des grèves sont historiquement cuisinées : caquiller édentulé, sabline faux-péplus et salicorne.

- Une vingtaine de petits fruits sauvages dont les plus populaires demeurent les pommes des prés ou les berrés (berries) (airelles vigne d'Ida), les framboises, les petites fraises et les chicoutés.

2. La ferme de subsistance :

- 3 céréales dont le blé, l’orge et l’avoine. Chaque famille avait ses meules avant 1860. Existence de moulins à farine à partir de 1860, dont l’un à Étang-du-Nord et l’autre à Grand-Ruisseau du Bassin.

- 2 légumineuses dont les pois secs et les petits haricots Navy.

- Importance capitale de la pomme de terre et du navet (25 poches de pommes de terre par famille, par année, à une certaine époque).

- Légumes les plus utilisés : les tomates, les carottes, le céleri, le chou, les champignons, le poivron vert, les épinards, les cornichons.

3.  Importation :

- Sel, en priorité, pour le poisson et l’usage familial de conservation des viandes.

- Mélasse, thé, café, rhum, cassonade, sucre blanc, condiments, épices, conserves de légumes, en particulier de tomates, de maïs, de pois verts.

- Produits importés des Provinces maritimes en grande majorité (Charlottetown, Halifax, Souris).

- Présence historique de peddlers, (vendeurs porte-à-porte)

 

Ses ethnies fondatrices :

1. Les Archaïques maritimes

- Présence des Paléo-amérindiens, il y a 8 000 ans, des Archaïques maritimes, il y a 4 000 ans.

2. Les Micmacs

- Incursions annuelles des Micmacs, surnommés les Souriquois par les Jésuites du XVIIe siècle. Ils viennent se faire des provisions de morses et de phoques. Mais ile ne se sont jamais installés de façon permanente aux Iles de la Madeleine.

3. Les Acadiens

- Les Acadiens s’installent aux îles de la Madeleine en 1765, amenés par Haldimand, après la conquête anglaise. Il les recrute à l’île-du-Prince-Édouard. En 1767, 551 Acadiens réfugiés aux iles de Saint-Pierre et Miquelon viennent les rejoindre. Ils forment 40% de la population acadienne. En 1792, 250 autres acadiens de l’île Miquelon les rejoignent pour faire la pêche à la morue et la chasse au phoque. Vers 1820, la moitié de la population vient de Saint-Pierre-et-Miquelon et l’autre vient du Québec et des Maritimes.

4. Les Britanniques

- En 1845, immigration importante d’anglophones des provinces maritimes : 167 sont Anglais, 82 Irlandais, 72 Écossais s’établissent à l’ile d’Entrée, où ils développent l’agriculture. Vers 1870, d’autres Néo-écossais viennent les rejoindre pour travailler dans les premières conserveries de homard. En 1881, les Anglais sont majoritaires aux Iles : 258 Anglais, 158 Écossais et 124 Irlandais, soit 12.5% de la population totale des îles.

Conclusion : La cuisine madelinote a une forte empreinte acadienne et écossaise à cause du rôle qu’ont joué les Néo-Écossais dans les usines de transformation du poisson et du homard, aux îles de la Madeleine. Les Irlandais ont marqué les îles avec la forte culture des pommes de terre et du navet. Les Anglais de l’île d’Entrée ont apporté le véritable héritage culinaire de l’Angleterre car plusieurs sont venus directement de l’Angleterre. Mais, au contraire de plusieurs autres régions acadiennes du Québec, les origines acadiennes des îles sont toujours demeurées françaises, collées à leurs racines de la Loire, de l’Acadie et des îles Saint-Pierre et Miquelon alors que la plupart des autres régions ont vécu dans un voisinage anglais important. Même si les Anglophones sont venus s’installer aux iles, les 2 communautés ont vécu séparées complètement, l’une de l’autre, jusqu’au milieu du XXe siècle. C’est pourquoi le côté anglais de la cuisine madelinote est plus venu des Franco-Québécois installés aux îles que des Anglo-canadiens des îles. Il y aurait avantage à débroussailler davantage leur héritage particulier. Pour revenir à l’essentiel de la cuisine madelinote, le pot-en-pot, (prononciation locale de pâté-en-pot, plat de la Loire et des Charentes maritimes qui remonte à la fin du Moyen Âge et qu’on retrouve aussi, dans les Antilles françaises, colonisées en même temps, par des ressortissants français de la même région.) demeure le plat festif de la région. C’est l’équivalent du cipâte ou de la tourtière pour la plupart des autres régions du Québec. Les mets les plus typiques sont les fricots, les pâtés à la viande, le boudin acadien semblable à celui de la Louisiane, la panse de vache épicée, la fripette, les croquignoles frites dans l’huile de phoque, les nolets (biscuits à la semoule de maïs) et les emprunts à la cuisine anglaise comme les poutines, ou à la cuisine américaine comme les râpures, les hot dog aux crustacés, etc.