L'oie domestique

Notre oie domestique descend directement de l’oie cendrée européenne. Mais, plusieurs oies sauvages de la planète ont été domestiquées par l’homme et l’oie domestique moderne est plutôt le résultat d’une hybridation de plusieurs oies du monde; chez les oies, les hybrides ne sont pas stériles comme c’est le cas pour plusieurs autres espèces animales. On élève l’oie depuis toujours pour sa chair, ses œufs et son foie. L’oie est une très bonne couveuse alors que la cane ne l’est pas du tout. L’oie peut facilement couver 15 œufs et les rendre à terme, après 30 jours. L’oie devient mature à l’âge de 3 mois. Elle se reproduit facilement jusqu’à l’âge de 4-5 ans, sur une ferme traditionnelle. Autrefois, tout le monde élevait des oies au Québec. Les hommes avaient besoin de sa graisse pour faciliter l’usage de plusieurs outils domestiques comme les femmes en avaient besoin pour graisser le rouet avec lequel elles filaient la laine nécessaire pour faire les vêtements de la famille et les couvertures de laine. L’oie était, comme le cochon, l’animal festif de nos ancêtres celtes. On les abattait généralement avant le cochon, au Québec, à la toute fin de novembre ou au début décembre quand le gel pouvait les conserver jusqu’au temps des Fêtes. Chez nos ancêtres celtes, le Premier de l’An se fêtait le 1er novembre. On abattait l’oie sauvage au moment où elle était la plus grasse, prête pour son exil vers le Sud. L’oie était considérée par eux comme le grand symbole du soleil; elle partait avec lui, l’automne, et revenait avec lui, le printemps. Elle incarnait donc la lumière et la chaleur de l’été. La manger le Premier de l’an, était une manière de s’approprier le soleil pour l’année. L’oie est devenue, avec  la christianisation de l’Europe, l’oiseau du Premier de l’An chrétien. On la mangeait farcie aux marrons, aux pommes, au pain, au riz, aux huitres ou aux pommes de terre dans les iles britanniques. Nos ancêtres français ont donc apporté cette coutume au Québec, au XVIIe siècle, tout comme les Anglais. Mais la coutume a changé au Québec, entre les deux Guerres mondiales. On  a peu à peu remplacé l’oie par la dinde, sous l’influence des Américains installés chez nous de même que l’afflux de la culture culinaire américaine avec l’expansion de la grande industrie alimentaire américaine, au début du XXe siècle. Je vous propose d’en apprendre plus sur l’importance de l’oie dans notre culture en lisant mon 4e volume, l’Histoire de la cuisine familiale du Québec, la plaine du Saint-Laurent et les produits de la ferme traditionnelle, de la page 914 à 922.