Les crevettes nordiques
On sait que les Archaïques maritimes du Québec consommaient des crevettes nordiques mais on ne sait pas si leurs descendants iroquoiens le faisaient. Les Innus et les Micmacs devaient en consommer de façon anecdotique. Quant aux Français, les Normands en consommaient comme leurs ancêtres vikings. La coutume normande s’est donc répandue des deux côtés de la Manche. Les Franco-Québécois installés dans la plaine du Saint-Laurent finirent par les oublier, au XVIII e siècle. Il fallut attendre l’arrivée des conserves pour recommencer à en consommer. Les premières crevettes en conserve sont venues de la Nouvelle-Angleterre, à la fin du XIXe siècle. Par contre, les Anglo-Québécois se faisaient venir des crustacés frais de la côte américaine, chaque printemps, par le train Portland-Montréal. Et ils en consommaient en soupe, en entrée ou en sauce d’accompagnement pour leur poisson. C’est le port de Sept-Iles qui s’équipa le premier, au Canada, pour la pêche à la crevette, en 1965. La Côte-Nord fut suivie par les régions gaspésiennes et même le Nunavik, par la suite. La crevette nordique est aussi un aliment signature de notre cuisine contemporaine. On en lira plus sur le sujet dans mon 2 e volume, Histoire de la cuisine familiale du Québec, La mer, ses régions et ses produits, de la page 694 à 708.