La farine de sarrasin

Le terme lui-même remonte à l’époque des croisades, au Moyen Âge. Les Sarrasins étaient le nom qu’on donnait aux ethnies nouvellement converties à l’Islam, dans le sud de l’Espagne et en Afrique du Nord. Ces combattants ardents et convaincus avaient une force légendaire qui impressionnait les chevaliers européens qui voulaient que les lieux où le christianisme est né puisse rester chrétien. Ces soldats se nourrissaient de grains rôtis réduits en farine bleu violet que les Européens baptisaient de « blé noir ». On rapporta donc ce blé noir en Europe en le baptisant sarrasin. Parce qu’il vient bien dans les climats humides, le sarrasin est devenu populaire dans les régions nordiques et maritimes comme les pays scandinaves et britanniques. En Bretagne française, le sarrasin est l’aliment signature par excellence. Pierre Boucher raconte, en 1664, qu’on plantait déjà du sarrasin chez nous, à cette époque mais qu’il arrivait que le sarrasin gèle avant maturité. Le sarrasin réussissait mieux, au Québec, dans le sud-ouest, comme les Laurentides, Lanaudière et l’Outaouais. Lorsque on a connu la crise du blé au milieu du XIXe siècle, les Québécois n’ont pas eu le choix de remplacer le blé par d’autres aliments. C’est pourquoi le sarrasin devint alors l’aliment le plus populaire avec la pomme de terre pour survivre. On connaît, avec Les belles histoires des Pays d’en haut et le roman Un homme et son péché de Claude-Henri Grignon, le rôle qu’a joué le sarrasin dans la colonisation des Laurentides, au nord de Montréal. Les crêpes de sarrasin baptisées de noms divers selon les régions et l’origine ethnique ont fait l’essentiel du déjeuner québécois, dans plusieurs familles de nos ancêtres. On lira ce que je dis de cet aliment capital de notre cuisine dans mon 4e volume, l’Histoire de la cuisine familiale du Québec, la plaine du Saint-Laurent et les produits de la ferme traditionnelle, de la page 468 à la page 475.