Les champignons sauvages
Les autochtones ne connaissaient pas tous les champignons; c’était une science réservée aux chamans qui en consommaient certains qu’ils faisaient sécher pour les fumer lors de cérémonies particulières où ils voulaient entrer en contact avec les dieux. Dans les années 70, on avait un terme pour ces champignons; on les appelait des champignons magiques. Mais la majorité des nations et des cultures autochtones considéraient les champignons comme la nourriture des morts en transition vers le pays des morts; on y touchait seulement en cas d’extrême nécessité, lors d’une pénurie alimentaire. Ce qui n’arrivait pratiquement jamais, en haute saison. Les nations iroquoïennes pouvaient consommer, au printemps, des morilles alors que les nations algonquiennes pouvaient se sauver la vie avec des vesses de loup. Mais, à part cela, on n’y touchait pas. Du côté français, la majorité des gens ne les connaissaient pas. Ceux qui les consommaient en Europe savaient qu’il fallait être très prudent avec eux; ils n’osaient donc pas toucher aux champignons québécois. On faisait cependant venir des champignons séchés de France dont on était sur qu’ils étaient comestibles. Ce sont des gens d’Europe de l’Est et du Sud qui nous ont initiés à la cueillette des champignons sauvages, dans les années 1950. Des clubs de mycologues se sont formés un peu partout, au Québec, où les Franco-Québécois s’inscrivaient. Mais la connaissance des champignons sauvages demeure encore réservée aux initiés. On trouvera plus d’information sur ces derniers en consultant mon 3 e volume, Histoire de la cuisine familiale du Québec, la forêt, ses régions et ses produits, de la page 1318 à la page 1331.