Les eaux-de-vie ou alcools forts

Le mot alcool est d’origine arabe. Mais les boissons alcoolisées datent d’au moins 6 000 ans. La bière est l’un des premiers alcools à avoir été trouvés par l’homme, en Mésopotamie. Les pyramides les plus anciennes illustrent la présence du vin en Égypte. Ce sont les Arabes qui ont inventé la distillation du vin, au début du Moyen Âge. Ils utilisaient un alambic pour produire le khôl qui était en fait, un fard, une poudre noire que les femmes des harems se mettaient sur les paupières. Comme on produisait l’alcool de la même façon, on donna le même nom au vin que l’on distillait avec un alambic. Ce sont les Croisés européens qui ont ramené la technique arabe en Europe. Et ce sont les moines européens qui se mirent à distiller leurs vins en alcool au Moyen Age classique (XI au XIII e siècle). Le mot alcool et le mot eau-de-vie se sont cependant généralisés à partir de la Renaissance. C’est à cette époque que l’alcool est devenue une boisson enivrante et non plus un médicament, comme au Moyen Âge. La région de Cognac qui ne faisait pas de bons vins pensa transformer ses vins en alcool, sous la compétence initiale des moines locaux. Puis ce sont des commerçants anglais qui eurent l’idée d’en faire un commerce lucratif pour entrer en compétition avec les marchands hollandais qui faisaient de gros sous avec la vente d’alcool aux marins du monde. Lorsqu’on commença à se promener sur toutes les mers de la planète, l’alcool devint la solution essentielle pour lutter contre la contamination de l’eau sur les bateaux, lors des longs séjours en mer. On buvait de la bière, du cidre, du vin ou de l’eau-de-vie plutôt que de l’eau sur ces bateaux. C’est la raison pour laquelle l’eau-de-vie a été si essentielle, lors de la fondation de la Nouvelle-France : elle a sauvé la vie de nos ancêtres. Ils commençaient leur journée avec un bout de pain trempé dans l’alcool. Ils en buvaient sans arrêt dans leurs campagnes militaires ou leurs voyages pour aller chercher de la belle fourrure dans le Nord ou l’Ouest du pays. Ils en troquaient de grandes quantités aux autochtones qui retrouvaient dans cette boisson européenne, l’excitation des tentes branlantes ou l’euphorie des drogues auxquelles les initiaient leurs chamans. Les prêtres et les administrateurs de la colonie, cependant, étaient témoins des dommages considérables que provoquaient l’eau-de-vie dans les communautés française et autochtones. La dépendance à l’alcool existait à l’époque comme aujourd’hui. On fit des campagnes contre l’alcool, plusieurs fois, pendant notre histoire. Mais le problème a toujours persisté parce que l’alcool, la droque, la nourriture peut créer des dépendances insurmontables pour certains individus. Le sujet est particulièrement d’actualité avec l’arrivée de la légalisation de la marijuana.