Les piments forts

Les Québécois aiment-ils le goût piquant des piments? Certains vous diront que oui, d’autres que non. Comme en Inde, en Chine ou au Mexique, il y a des inconditionnels du piquant et des gens qui ne peuvent le supporter. Ceci dit, est-ce que le piment fort fait partie de notre patrimoine culinaire collectif? Je vais vous surprendre en vous répondant « Oui! ». Les listes de graines vendues aux jardiniers de Montréal, sous le Régime français, comprennent des graines de piment. Le père Pothier, missionnaire jésuite, a fourni un lexique très instructif sur les aliments et les habitudes alimentaires des Québécois du début du XVIII. Le piment fait partie de leur vocabulaire, en 1744. Les gens l’appelaient piment espagnol et s’en servaient comme du poivre noir étant donné que celui-ci pouvait coûter assez cher en Nouvelle-France. On en mettait particulièrement dans les bocaux de marinades de légumes, de poissons ou d’abats que les Québécois appelaient simplement le piment espagnol. On commença à remplacer les piments entiers séchés par de la poudre de piment, sous le Régime anglais, au milieu du XIXe siècle. On commença à consommer ainsi beaucoup de Cayenne et de curry importé de l’Inde qui en contenait. Enfin, le gout pour le piment fort fut augmenté par l’arrivée des immigrants d’Europe du Sud, du Mexique et des Antilles, dans les années 1950. Les piments forts arrivent souvent dans des mélanges d’épices ethniques, aujourd’hui; les épices à couscous, les épices louisianaises, les épices texanes, etc. en contiennent toutes un certain pourcentage tout comme les sauces piquantes asiatiques ou antillaises. Beaucoup de Québécois en mettent dans leurs sauces à spaghetti hebdomadaire, depuis les années 1960.