Les bouillons d'agneau
Les bouillons d’agneau ou de mouton sont plutôt rares dans la cuisine contemporaine. Ils étaient plus courants au moment où chaque famille québécoise élevait des moutons pour se faire de la laine destinée aux vêtements. On devait renouveler le troupeau, chaque année, et ainsi récupérer la viande qui venait avec l’abattage. Beaucoup de familles, comme on me l’a raconté, n’aimaient pas l’odeur du mouton en train de bouillir ; c’est pourquoi on le faisait souvent bouillir avec d’autres morceaux de viande comme du lard salé ou du bœuf. Les villages du Chemin du Roi, entre autres, faisaient leurs bouillis de légumes avec un morceau d’agneau, de porc et de bœuf, particulièrement en hiver. Les familles d’origine britannique étaient plus nombreuses à se faire des bouillons d’ovidés ; cela appartenait plus à leur tradition culinaire ancestrale où l’élevage du mouton prenait le pas sur l’élevage du bœuf dans les régions britanniques montagneuses ou les champs étaient rares. Cette habitude faisait aussi partie d’une économie domestique où l’on ne perdait rien ; même la queue ou la tête du mouton était utilisée pour faire ces bouillons d’agneau ou de mouton. On trouve aussi cette façon de faire dans les familles de tradition norvégienne ou islandaise qui ont migré chez nous, à la fin du XIXe siècle, comme je l’ai constaté en Abitibi.