Les beurrées ou tartines

Voilà un mets tout à fait québécois qui rappelle notre héritage normand. Le pain beurré appartient à la cuisine scandinave qui en a fait un plat national et qui s’est particulièrement répandu dans les régions où les Vikings se sont établis comme la France (Normandie), dans les Iles Britanniques (York), dans le sud de l’Italie ou en Islande. Ces régions ont par la suite diffusé cette cuisine au beurre ou le tartinage d’un pain ou d’une croute comme la pizza. On a ainsi remplacé le beurre par d’autres corps gras comme la graisse de porc, d’oie, l’huile d’olive ou de colza, puis de divers sirops ou de confitures. Chez nous, les beurrées de cretons, de graisse de rôti de porc ou de tête fromagée ont aussi eu leur heure de gloire. Le mot « beurrée » a été proscrit par les linguistes, à un moment donné, qui voulaient le remplacer par le mot « tartine ». Mais j’avoue ne pas être d’accord avec eux ; c’est l’usage qui fait la loi dans la langue, même si on trouve que le terme n’est pas français ou qu’il n’a pas de sens. Et la majorité des Québécois parlaient, jusqu’à tout récemment, de beurrées et non de tartines.