Soumis par Michel Lambert le
« L’histoire est utile », vous-ai-je dit dans l’un de mes derniers blogues. Je vous invite, aujourd’hui, à retrouver l’instinct de prévenance de nos ancêtres autochtones et européens pour assurer notre avenir collectif.
Quand arrivait le mois d’avril, il ne restait plus beaucoup de choses dans nos armoires, nos paniers ou nos caveaux. Et l’on devait surveiller le temps pour transformer les quelques aliments qui restaient avant les grands dégels de la nature et les inondations. On fumait les jambons, les bajoues et les pattes de porc. On fumait les gigots d’agneau. On mettait dans le sel les morceaux de gras de porc. Et l’on mettait en conserve les surplus de porc, de veau, de bœuf et de gibier encore congelés. Mais surtout, on prenait le temps aussi de partir les légumes de longue croissance en montant la serre chaude, du côté sud de la maison ; on partait nos plans de tomates, choux-fleurs, choux, céleri, etc. On se faisait des réserves de sucre et de sirop d’érable. On prenait le temps de faire moudre les grains de céréales de l’automne précédent, car on n’aurait plus le temps de le faire, une fois les grands travaux de la ferme commencés. Et l’on surveillait la sortie des verdures pour pouvoir enfin manger du vert, tout frais. On pourrait faire la soupe aux herbes, les sauces blanches avec les premiers œufs de la ferme, la soupe au lait avec les premiers poissons pêchés dans le ruisseau ou la mer. On attendait le dégel des lacs pour manger enfin de la truite et fumer les excédents pour l'été. Avril était un mois de planification et de rêve.
Pourquoi ne pas retrouver cet esprit d’avril de prévenance et d’espérance. Assurer nous-mêmes notre survie sur cette planète, sans dépendance et sans sacrifice de notre liberté !
Michel Lambert, historien de la cuisine familiale