Les cuisses de grenouille

La consommation des grenouilles fait vraiment partie de notre héritage culinaire autochtone et français, mais les Britanniques ont longtemps eu du dédain pour ces petits amphibiens. Ils traitent les Franco-Québécois de « frogs » pour exprimer leur différence culturelle centenaire avec eux. Mais c’est une autre question! Les Iroquois aimaient tellement les grenouilles qu’ils s’en faisaient sécher pour l’hiver. C’est le père Mercier qui signale ce fait lorsque l’un des jésuites était allé faire une mission au sud-ouest du lac Champlain où il n’avait eu que de la grenouille séchée à manger pendant tout l’hiver. Les Iroquoïens du VIe au IXe siècle en mangeaient trois espèces : le crapaud d’Amérique, la grenouille-léopard et le ouaouaron. C’est le crapaud qu’ils aimaient le plus, selon les archéologues,  si on se fie à la quantité de résidus d’ossements retrouvés à la Pointe-du Buisson, en amont de Chateauguay. Mais la grenouille la plus rentable était le ouaouaron que les Français appelaient la « grenouille-bœuf » parce qu’ils trouvaient qu’elle meuglait comme un bœuf et qu’elle était grosse comme une assiette. Pierre Boucher raconte que les Hurons en mangeaient aussi. Les Français n’ont pas été surpris de voir les autochtones manger de la grenouille puisqu’ils en mangeaient aussi. Nicolas Bonnefons, célèbre cuisinier de Versailles, en donne quelques recettes dans son livre Délices de la campagne. Quelques-unes de ses recettes sont reprises par la Nouvelle Cuisinière canadienne, en 1855.