Cuisine de la Minganie ou Moyenne-Côte-Nord

La Moyenne-Côte Nord se situe au milieu géographique de la longue Côte-Nord.

Les garde-manger de la Minganie :

1. Le golfe Saint-Laurent : le plus important de l’histoire de la région
18 poissons de mer dont les plus cuisinés traditionnellement sont, par ordre de quantité de recettes,  la morue fraiche, le saumon frais, et 3 fois moins dans des proportions semblables, la morue salée, la truite de mer, le capelan, le flétan atlantique, le hareng, la goberge et le maquereau.
10 fruits de mer dont les plus cuisinés, par ordre d’importance, sont les crevettes, le crabe, les clams ou palourdes, les coques, les pétoncles, le homard et les moules.
4 mammifères marins dont le loup-marin et le marsouin ont généré le plus de recettes.
16 oiseaux maritimes avec l’eider appelé le moyac en tête, les bruants des neiges et les canards noirs.
2. La forêt boréale :
4 gros gibiers dont les plus consommés sont le chevreuil de l’ile d’Anticosti, l’orignal, le caribou et l’ours noir.
6 petits gibiers dont les plus cuisinés sont, par ordre, la gélinotte huppée, le tétras des savanes, le lièvre d’Amérique, le porc-épic, le castor, le rat musqué.
12 petits fruits sauvages dont les plus cuisinés sont les graines rouges ou airelles vignes d’Ida, les bleuets, les chicoutés, les atocas, les camarines et les pimbinas.

3. La ferme de survie : Dans les viandes domestiques, c’est le porc qui est le plus cuisiné, en particulier le lard salé ou fumé (bacon) suivi du bœuf salé. Le poulet, la dinde et l’oie suivent, historiquement. Les légumes les plus présents sont loin en avant, les pommes de terre, puis les tomates, le chou, les carottes, le céleri, les champignons, le navet, le poireau, les petits pois, les feuilles de navet, la bette à carde, le chou-fleur, les patates bleues, le persil et la sarriette comme herbes. Il faut ajouter la rhubarbe qui faisait partie de tous les jardins, autrefois.

4. L'importation : on importait, autrefois, beaucoup de mélasse, de sucre et de cassonade, de légumineuses (pois et haricots), de farine, de gruau d’avoine, de fruits séchés (pommes, raisins).

Les peuples fondateurs :

Les Archaïques du Bouclier canadien
Les Archaïques du Bouclier canadien, il y a 6 000 ans se sont installés en haute saison sur la Côte. Mais leurs descendants, au contact des tribus algonquiennes, il y a 3 500 ans, ont diversifié leurs habitudes.

Les Oumamiouèques
Au nord-est. Les autochtones s’appelaient les Oumamiouèques et appartenaient à la même nation qui habitait la Basse-Côte-Nord. Ils habitaient sur la côte, à l’année longue. Ce sont les premiers autochtones du Québec à avoir eu des contacts avec les Européens. Les Basques les fréquentaient et travaillaient avec eux, en 1500.

Les Français
En 1651, le père Jean de Quen, premier missionnaire du Lac-Saint-Jean, ouvrait une mission à Sept-Iles. Puis François Bissot ouvrit un premier poste de traite à Mingan, en 1661 alors que Louis Joliet en ouvrait un autre à Sept-Iles, en 1679 et un autre à Natashquan en 1710. C’est Louis Joliet qui ouvrit le premier poste de pêche commerciale à Sept-Iles. Mais les Anglais venaient détruire ces postes que les Français reconstruisaient toujours.

Les Papinachois
Au sud-ouest, c’était une autre nation : les Papinachois. Ces derniers habitaient la côte, en été seulement, et retournaient à l’intérieur des terres en hiver. Ils venaient pêcher le saumon à l’embouchure des rivières situées entre Sept-Iles et Betsiamites.

Les Jersiais
Les premiers pêcheurs jersiais (Iles anglo-normandes) s’installent  à Aguanish et l’île Michon en 1849. puis à Sheldrake, en 1851, puis à Magpie, en 1853-1854., puis à Natashquan en 1857. Plusieurs Jersiais s’installent à l’île d’Anticosti entre 1860 et 1910, d’autres à Sept-Iles, en 1860.

Les Canadiens français
Les Canayens s’installent à Magpie en 1849 (Jean Girard et ses 2 fils). Des Gaspésiens s’installent à Rivière-au-Tonnerre en 1875,. Philéas Sirois s’installe à Rivière Saint-Jean en 1857. 

Les Acadiens
En 1855, ce sont des Acadiens originaires de Havre-Aubert, aux îles de la Madeleine qui s’installent à Natashquan. S’ajoutent des Acadiens déportés à Savannah, en Georgie (U.S.A.) qui reviennent au pays, en 1857. Puis des Acadiens originaires de Paspébiac s’installent à Natashquan et à Havre-Saint-Pierre. En 1860, quelques-uns s’installent à Sept-Iles. En 1897, d’autres Acadiens de Paspébiac s’installent à Baie-Johan-Beetz. La culture acadienne va profondément marquer la culture culinaire du nord-est de la région, avec en second lieu, la culture jersiaise, profondément normande.

Les Anglais
Ils s’ajoutent à des Acadiens déjà présents à Longue-Pointe- de Mingan en 1936. Ils sont à Rivière-Pentecôte en 1884, Ils sont à Sept-Iles en 1886. D’autres anglophones s’installent à Rivière-au-Tonnerre en 1890.

Conclusion :

La cuisine de la Minganie est essentiellement marquée par les produits de la mer et de la forêt boréale. Au plan culturel, elle est issue des descendants des Oumamouèques et des Papinachois qui sont regroupés dans la nation innue, aujourd’hui. Cuisine qui met en valeur le caribou, le saumon et les chicoutés.
Elle est ensuite fortement influencée par les Acadiens originaires des Iles-de-la-Madeleine, de la Géorgie américaine et de la Gaspésie qui amène une cuisine du Centre-Ouest de la France combinée à des éléments du sud des États-Unis et de la Nouvelle-Angleterre (voisinage des colons loyalistes en Gaspésie). Enfin, la présence importante des Jersiais affirme encore plus le caractère normand de la cuisine locale, incarnée aussi dans la cuisine canadienne-française de Charlevoix et de la Côte-du-Sud qui a envoyé la majorité des Canadiens français de la Côte-Nord. Les produits laitiers y occupent une place majeure de même que le porc salé et fumé. Les Anglais enfin ont apporté le boeuf salé et la majorité des desserts avec de la mélasse.